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Accords d’Evian 62 : La naissance d’un monstre

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Cupidité primordiale Le 18 mars 1962 sont signés les Accords d’Évian. On en parle comme si c’était aujourd’hui. On se croirait il y a 60 ans tant les silences, les non-dits, les mystifications, les manipulations et les questions qui fâchent demeurent.

Par Abderrahmane Mekkaoui (politologue) et Chekib Abdessalam (essayiste)

Le corbeau et le renard : de Gaulle et le Fln, ou le fromage métamorphosé en pétrole en son bec. Les pleutres ne pouvaient que succomber à l’appât du gain. Fin limier, le général de Gaulle aura su habilement aiguiser l’appétit de la partie adverse. Nul n’est besoin d’être psychologue de renom pour comprendre que l’on avait à faire à des arrivistes presque parfaits. Qu’importe quantités de vies humaines sahariennes en plus ou en moins, des souffrances, d’atroces souffrances en silence imposées aux survivants de l’atome par la force militaire. Qu’importe, le Sahara est terra nullius donc population nullius. L’essentiel, ce qui compte : dévorer avec la plus grande avidité des milliers de milliards de pétrodollars et pétro-dinars empochés six décennies durant. Sans jamais se rassasier.

À coté, la gabegie, la belle orgie romaine de Pasolini fait pâle figure. Caligula le décadent s’en retourne dans sa tombe. Un ministre ou un écrivain de renom organise la fête avec trois cents ou six cents méchouis la soirée. L’ogre le plus vorace s’est emparé du Sahara central ! Jusqu’au dégoût, jusqu’à l’indigestion dans sa forme la plus aiguë, de la manière la plus brutale jusqu’à en donner la nausée en superposant sa dictature sanglante à la mort atomique diffuse qui toutes deux refusent de dire leur nom ! Ils défient les lois de la gravité en ce sens qu’un dollar lâché en plein vol ne peut que tomber dans leur escarcelle. Les plus révolutionnaires (FLN clan d’Oujda et consorts) pourront s’acheter quelque appartement à New York City en 1978 juste avant la mort bizarre du gourou. On serait plus à l’aise de prendre un Thé avec Mussolini et Franco Zeffirelli. En ce temps, la dolce vita bat son plein. La nouvelle bourgeoisie perchée sur les hauteurs de la baie d’Alger peut savourer tranquillement le fruit du larcin. Les sulfureuses nuits folles d’Alger à la suédoise défraient la chronique et la silhouette d’un ministre des affaires étrangères titubant peut se reconnaître, au midnight, ombre furtive passant devant la porte d’un club de jazz Blue Note dans un virage de rue Michelet. Rebaptisée du nom d’un héros de la guerre, mort bien sûr, pour ne pas être gênant car les morts ont bon dos. Personne, sauf les chefs, ne sait ni ne devine le moins du monde ce qui se passe au Sahara. C’est le dernier de leurs soucis. Il n’y aura ni chagrin ni regrets. Pas même une larmichette.

La voracité des loups ou des oiseaux de proie charognards à côté n’est que du pipi de chat. Excusez du peu. Leur cupidité absolue défie la loi de la relativité d’Albert Einstein, physicien, théoricien de son état, lui-même père de la bombe atomique.

Le deal

Le régime d’Alger va largement user et abuser de la contrepartie gaullienne à la fois territoriale et matérielle stipulée dans le contrat des Accords d’Évian.

L’assiette sera pour la France avec la jouissance de ses bases d’essais d’armement spécial (base navale antiatomique de Mers-El-Kebir,  base et le champ de tir atomique de Reggane-Hammoudia, nucléaire d’In Ekker, Chimique de B2-Namous, biologique de la région de Béchar, bactériologique de Namous, biologique de Beni Ounif, spatiale de Hammaguir, ballistique de Hammaguir) et maintien de la profondeur stratégique de la France grâce à sa présence en méditerranée-sud et au Sahara et grâce à la coopération militaire entre les deux États (la France et son bébé qu’elle a baptisé au 19e siècle ”Algérie” du nom de la ville portuaire barbaresque d’Alger prise à revers en cinq jours en 1830. Note : Alger qui signifie îlots, en phénicien iko siom, puis appelée par les romains icosium, puis Eljazaïr par les Arabes et les Imazighens, en raison de l’existence de quelques petits îlots rôcheux à l’ouest de la baie d’Alger prés du littoral et de la casbah – le Penon, l’Amirauté et El-Kettani – qui suffisaient à protéger naturellement une petite flotte pirate qui pratique la course en mer).

Le tracé français des frontières correspond tout à fait à cette géostratégie : 1300 kms de côte, 3000 kms environ dans l’axe venant de la Libye, du Tchad et du Niger, zone des quatre frontières et partant jusqu’à la zone des quatre frontières Mali-Mauritanie-Maroc-Algérie ; dans l’axe nord-sud, prés de 3000 kms et surtout à la pointe In Guezzam, on se trouve plus proche de Cotonou ou Porto Novo au Bénin sur la rive Atlantique du Golfe de Guinée que de la ville d’Alger. Ainsi peut-on comprendre l’ampleur de l’imposture ou de la spoliation réalisée par le tracé hautement stratégique purement colonial et néocolonial à long terme des frontières gaulliennes. Ainsi, un nouvel État créé de toute pièce va se retrouver le plus vaste de l’Afrique au lendemain de la partition du Soudan, son pendant issu de l’empire colonial britannique.

Sans oublier les autres clauses dîtes secrètes des Accords d’Évian.

L’assiette pour le nouvel État maghrébin post-colonial : création d’un nouvel État héritant des infrastructures et d’une économie réalisées par et au profit de l’occupant, et co-héritage du tracé colonial  : ce qui va faire naître en elle une cupidité (tamaa en arabe) jamais égalée et provoquer des ambitions et des fortunes démesurées, dès les années 70 (Sur la piste des comptes à la Manhattan Chase Bank à New York) exacerbées à partir de la fin du 20e siècle et du début du 21e siècle, notamment par la pratique et le contrôle de la contrebande en direction et en provenance de la Libye, du Niger, du Nigeria, du Mali, du Burkina Faso et de la Cote d’Ivoire, dans un premier temps, puis du Mali, de la Mauritanie, de la Guinée Conakry et de la Guinée Bissau pour le narco-traffic avec l’Amérique latine et sa jonction afro-méditerranéenne. Ce qui va entraîner le regard voyeur et l’ingérence chronique, voire permanente dans plusieurs cas, de cet État dans les conflits et la situation intérieure de ses voisins par la corruption et la manipulation d’un pseudo-terrorisme commandité et instrumentalisé, soutenu par une logistique et des moyens humains et financiers nécessaires et indispensables, au vu et au su des chancelleries occidentales.

Outre le partage des hydrocarbures, des autres richesses du sous-sol saharien : or, uranium, diamant, tungstene, terres rares, hélium, fer, etc, .de l’espace aérien, sans oublier d’autres clauses dîtes secrètes des Accords d’Évian que l’on découvrira disons peut-être dans un ou plusieurs siècles, qui sait ?

L’application du contrat sera désormais supervisée subtilement par un ambassadeur bien plus qu’un ministre plénipotentiaire ou qu’un gouverneur qui va de facto remplir le rôle d’un véritable proconsul à la romaine. Les modalités pratiques d’application telles qu’elles seront résolues dans la réalité des années qui suivent sont illustrées par de nombreux documents officiels.

60 années de haute pollution non-stop de la planète

Main dans la main de 1962 aux années 90

Soutien d’Ahmed Ben Bella, Abdelmajid Meziane et de Mohammed Khider 1963

Mission du doyen Weill 1965

Invitation lancement satellite directeur APS, ElMoujahid, Révolution africaine 1966

Reconduction et prolongation globale des activités, MAE Bouteflika 1966

Relation au beau fixe – Commandant Chabou 1967
Cession de matériel et coopération militaire franco-algérienne

Participation des techniciens israéliens 1967

Facilités et reconduction 1967

Durant soixante ans, côté algérien, seul les chefs des militaires putschistes et quelques chefs féodaux ou seigneurs de guerre changeants des clans de l’Anp, auront un droit de regard sur l’application et l’évolution du contrat notamment dans ses modalités croisées avec d’autres partenaires économiques et avec l’interventionnisme d’autres puissances telles que l’ex URSS puis la Russie, la Chine, les USA et enfin les émirats du Golfe.

Décryptage en guise de conclusion

En clair que tout ce charivari signifie-t-il ? Que, tout simplement, le FLN a accepté que 17 bombes atomiques soient explosé en terre saharienne sur la tête et dans les poumons des Chorfas, des Mourabitounes, des Touaregs et de l’ensemble des habitants nomades et sédentaires du Sahara Central (mais pas que, puisque les radiations ont atteint le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Centrale et l’Europe), en échange d’en partager les bénéfices honteux à son unique avantage et de celui de l’ancienne puissance coloniale. En profitant du fait que le souverain Mohamed V a toujours catégoriquement refusé les essais nucléaires, et cela dès 1956 et jusqu’au point de rupture diplomatique avec la France en février 1960 et en portant la question auprès de l’ONU. Les chefs Fln en embuscade sont trop occupés à parachever leurs premiers contacts commencés en 1956 avec la puissance occupante, retardés par la chute de la Quatrième République, repris à Melun, de nouveau interrompus puis repris à Lugrin, puis aux Rousses, enfin signés à Évian-les-Bains une fois que l’Aln sera quasi défaite par les opérations Jumelles, Mésanges, Léopards et Challe, consciencieusement menées par les grands généraux cinq étoiles élite de l’armée française, qui vont techniquement, avec minutie et sans pitié, la décimer hormis quelques réduits imprenables dans les montagnes escarpées. Pas un mot de protestation contre la première explosion atomique à Reggane, ni pour celles qui suivront d’ailleurs ! Pour le Fln c’est un non-événement. (La population saharienne peut bien servir de chair à canon atomique, Alger ou Paris, vaut bien une messe).

Toutefois le détail des chiffres et des faits peut évoluer le jour où toute la vérité et les archives seront dévoilées.

À B2 Namous, au cœur du Sahara Central, les militaires et ingénieurs qui opèrent dans la base d’expérimentations d’armes chimiques et bactériologiques (2e plus grande base chimique du monde, opérationnelle depuis 1935 et au moins jusqu’au années 90) se font passer pour des employés d’une filiale de Thomson. Tout étant conclu dans la plus grande opacité. Tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil.

Au delà des potins de la commère en docte assemblée ou de radio trottoir, on assiste à la naissance illégitime d’un nouvel État totalement issu de son géniteur les accords d’Évian confirmés par plusieurs régimes putchistes : accords négociés en toute opacité accords qui ont réussi à transformer une défaite militaire en victoire politique cachant de ce fait les grandes concessions faites à de Gaulle qui demeurent toujours secrètes voire inavouables à l’opinion publique maghrébine, française, algérienne et internationale.

La question est donc posé en ces termes : la France et l’Algérie sont co-responsables des conséquences du crime nucléaire au Sahara et donc doivent tous deux indemniser les victimes africaines et européennes ainsi que les dommages causés à l’environnement et à l’écosystème du Sahara Central.

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