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Activisme marocain en Afrique : Alger souffle le chaud et le froid

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Le secrétaire général du Polisario a invité, samedi à Addis-Abeba, les Africains à prendre des sanctions, voire même des actions militaires, contre le Maroc, conformément à la Charte de l’Union africaine. Cet appel incongru intervient alors que le sponsor du séparatisme sahraoui, l’Algérie en l’occurrence, a réaffirmé de la bouche même de son chef de la diplomatie qu’elle ne cherchait pas l’escalade contre le Maroc.

Brahim Ghali a estimé, dans son allocution que l’organisation continentale «ne pourra préserver son unité et sa cohérence et aller de l’avant dans son projet au profit des peuples africains que par le plein respect de l’Acte constitutif de l’UA, notamment les articles 3 et 4», rapporte l’agence des séparatistes SPS.
Le choix de ces textes n’est pas fortuit. En effet, l’article 3 appelle notamment les composantes de l’organisation à «défendre la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance de ses Etats membres». Quant à l’article 4, il exige le «respect des frontières existant au moment de l’accession à l’indépendance» ; «l’interdiction de recourir ou de menacer de recourir à l’usage de la force entre les Etats membres de l’Union» ; la «non-ingérence d’un Etat membre dans les affaires intérieures d’un autre Etat membre».
Le texte également rappelle «le droit de l’Union d’intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence (des chefs d’Etats, ndlr), dans certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité».
B. Ghali a également indiqué que «les forces marocaines ont ciblé des civils sahraouis sans défense et des civils de pays voisins par des armes développées ce qui fait penser à une politique d’extermination systémique».
Assertions qui rejoignent celles que l’Algérie alimente depuis la semaine dernière. Pourtant, le ministre algérien des Affaires étrangères a affirmé que son pays n’est nullement dans une démarche belliqueuse contre le Maroc. «L’Algérie ne fera la guerre qu’en légitime défense. L’Algérie a trop connu les affres de la guerre coloniale pour souhaiter s’engager dans une confrontation armée avec un pays voisin», a-t-il souligné vendredi, au micro de la chaîne France 24 et RFI.
Malgré ce ton «conciliant», destiné plutôt à des puissances arabes et internationales préoccupées par la montée des tensions entre les deux voisins, le chef de la diplomatie a dressé un réquisitoire contre les liens sécuritaires et militaires entre le royaume et Israël. «Il faut se demander si ceux qui développent des coopérations militaires avec des puissances militaires étrangères qui n’ont rien à voir avec la région nord-africaine ne sont pas ceux qui parient sur le pire».
«Il y a des problèmes dans la région, et la solution n’est pas dans la fuite en avant, comme celle qui consiste à inviter des dirigeants israéliens à nos frontières pour menacer l’Algérie à partir du territoire marocain», a indiqué le chef de la diplomatie. Une référence aux propos tenus par Yaïr Lapid, ministre de l’Etat hébreu, lors de sa visite en août dernier à Rabat. «Nous partageons une certaine inquiétude quant au rôle de l’État algérien dans la région, qui s’est rapproché de l’Iran», avait-il déclaré. Les tensions aux frontières entre Rabat et Alger étaient également au menu des discussions entre le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, avec ses interlocuteurs marocains à l’occasion de sa visite, les 24 et 25 novembre.
Par ailleurs, la question des ouvertures de consulats de pays africains et arabes à Dakhla et Laayoune était également au menu de l’interview de Ramtane Lamamra. Dans une réponse laconique, le ministre algérien les a qualifiées d’actes de «propagande».
Pour mémoire, l’Algérie avait d’abord vivement protesté, dans des communiqués officiels, contre la présence des ces représentations diplomatiques dans les deux grandes villes du Sahara, allant même jusqu’à rappeler pour consultations, en février 2020, son ambassadeur en Côte d’Ivoire. Néanmoins, et face à la multiplication de ces ouvertures, Alger a fini par accepter la réalité.

La carte des « Droits humains »
A signaler ausiis que la teneur du rapport de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) était au cœur d’une controverse. Les représentants de l’Algérie et de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont condamné le fait que ce rapport d’activité de la CADHP « ne rende pas compte du blocage par les autorités marocaines d’une mission au Sahara occidental afin d’évaluer la situation des droits de l’homme ».
« Le conseil exécutif, lors de sa 20e session, a demandé expressément à la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) de mener une mission au Sahara occidental afin d’évaluer la situation des droits de l’homme et de formuler des recommandations en la matière (décision 775). Depuis, le Conseil exécutif ne cesse de réitérer sa demande pressante, mais malheureusement cette mission n’a pas pu se rendre dans les territoires sahraouis occupés », a souligné Amar Belani, l’envoyé spécial algérien chargé de la question du Sahara occidental et des pays du Maghreb.
La décision 775 a été adoptée par le Conseil exécutif de l’Union africaine en mai 2013. Elle exigeait de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de « compléter son rapport sur la mission d’établissement des faits en République arabe sahraouie démocratique, en y incluant la situation sur le territoire sous le contrôle du royaume du Maroc ».
Cette mission s’est cependant rendue dans les camps de réfugiés sahraouis situés dans la région de Tindouf, dans le sud-ouest de l’Algérie.
La situation de blocage qui dure depuis des années était mentionnée dans les différents rapports annuels de la CADHP, mais pas dans le dernier en date.
Abba Salek El Haissan, président de la Commission nationale sahraouie des droits de l’homme (Conasadah), dénonce au micro de Sputnik le refus de la CADHP d’inscrire le blocage de cette mission dans son rapport. Il estime que l’absence de référence est un « acte délibéré » qu’il impute « au président de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples ».
Diplomate de la République démocratique du Congo (RDC), Rémy Ngoy Lumbu, a été élu à ce poste le 15 novembre 2021. « Plusieurs éléments attestent de la partialité du président de cette instance quand il s’agit du Sahara occidental. Dès son élection, lors de la session ordinaire de la CADPH qui s’est déroulée par visioconférence, il a usé d’une terminologie contraire au statut juridique du Sahara occidental. Il avait évoqué publiquement les +provinces du sud du Maroc+. Nous lui avons transmis deux correspondances officielles à ce sujet, mais elles sont restées sans réponse. En intégrant dans son discours une terminologie contraire au statut juridique du Sahara occidental tel qu’il est reconnu par l’Onu et l’UA, il a commis un acte grave », insiste A. Salek El Haissan.
Le président de la Conasadah accuse le diplomate de la RDC « d’agir dans le cadre d’un agenda politique marocain. C’est d’autant plus grave que le Maroc n’est pas État-partie à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. D’ailleurs, 54 pays africains l’ont ratifiée à l’exception du Maroc ».
Selon Abba Salek El Haissan, Rabat refuse de ratifier cette charte de peur « d’être soumis à des obligations en matière de droits de l’homme ».« Le Maroc craint surtout que les Sahraouis aient la possibilité de dénoncer les violations devant le tribunal africain des droits de l’homme et des peuples. Visiblement, cela n’a pas empêché le Maroc d’agir pour ses intérêts au sein de la CADHP à travers le président Rémy Ngoy Lumbu », ajoute A. Salek El Haissan.
Aucune réaction officielle n’a été communiquée par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples ni les autorités marocaines en réponse à ces accusations.

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