#Libération_Palestine

Logo Perspectives med

Alors que les Américains soutiennent toujours Kiev : E. Macron appelle à ne pas chercher à « humilier » la Russie

Le président français a déclaré, lundi 10 mai, à Strasbourg que, pour mettre fin à la guerre menée en Ukraine par l’armée russe, la paix devra se construire sans « humilier » la Russie.

« Nous aurons demain une paix à bâtir, ne l’oublions jamais. Nous aurons à le faire avec autour de la table l’Ukraine et la Russie (…) Mais cela ne se fera ni dans la négation, ni dans l’exclusion de l’un l’autre, ni même dans l’humiliation », a déclaré Emmanuel Macron au cours d’une conférence de presse au Parlement européen.

Un peu plus tôt, au cours d’un discours, le Président français avait également déclaré que « quand la paix reviendra sur le sol européen, nous devrons en construire les nouveaux équilibres de sécurité » sans « jamais céder à la tentation ni de l’humiliation, ni de l’esprit de revanche ». « Car ils ont déjà trop, par le passé, ravagé les chemins de la paix », a-t-il ajouté, en faisant le parallèle avec le traité de Versailles conclu après la Première Guerre mondiale, marqué par « l’humiliation » de l’Allemagne.

D’ici là, les Européens doivent « tout faire pour que l’Ukraine puisse tenir et la Russie ne jamais l’emporter », mais aussi « préserver la paix sur le reste du continent européen et éviter toute escalade » avec Moscou, a réaffirmé le président français.

Selon lui, la journée de lundi a « donné deux visages très différents du 9 mai », à la fois Journée de l’Europe dans l’UE et célébration de l’anniversaire de la victoire de 1945 sur l’Allemagne nazie en Russie.

Washington lit dans le marc

Aux États-Unis, le président Joe Biden maintient la surenchère en signant une loi permettant d’accélérer l’envoi à l’Ukraine d’équipement militaire. Une mesure qui est aussi un symbole, puisqu’en pleine commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, il réactive un dispositif créé à cette époque. « Ce combat coûte cher, mais céder face à l’agression serait encore plus coûteux », a déclaré J. Biden. Le Congrès est de son avis : il a voté le texte le mois dernier à une écrasante majorité – 417 voix contre 10.

Ce dispositif de prêt-bail doit permettre d’accélérer les envois d’armes à l’Ukraine. Il est basé sur un programme datant de 1941 : à l’époque, il s’agissait d’envoyer de l’équipement militaire à l’Europe pour l’aider à résister à Hitler, alors que les États-Unis n’étaient pas encore entrés en guerre.

La nouvelle loi rappelle donc une contribution décisive du pays pendant la Seconde Guerre mondiale. J. Biden l’a de surcroît signée lundi 9 mai, dans une sorte de réponse à la parade organisée le même jour par Moscou pour célébrer la victoire de 1945 contre l’Allemagne nazie. Avec ce texte, qui lui donne des pouvoirs étendus, le locataire de la Maison Blanche se place clairement dans les pas de Franklin Roosevelt, qui a dirigé le pays pendant la guerre – il insiste d’ailleurs régulièrement sur sa volonté de mener le combat des démocraties contre les régimes autoritaires.

De leur côté, les renseignements US croient savoir à quoi se livre la Russie pour le moment. Vladimir Poutine n’a pas l’intention de limiter sa volonté d’occupation à la seule région du Donbass en Ukraine, mais veut porter le conflit à la Transnistrie, région de Moldavie qui a fait sécession en 1990, a indiqué mardi, Avril Haines, patronne du renseignement américain. « Nous estimons que le président Poutine se prépare à un conflit prolongé en Ukraine, durant lequel il a encore l’intention d’atteindre des objectifs au-delà du Donbass », a-t-elle ajouté lors d’une audition au Congrès. Les services de renseignement américains estiment que l’armée russe veut « étendre le pont terrestre (dans le sud de l’Ukraine) à la Transnistrie », a-t-elle ajouté. S’il est « possible » que les forces russes réalisent cet objectif dans les mois qui viennent, « ils ne pourront atteindre la Transnistrie et inclure Odessa sans décréter une forme de mobilisation générale », a-t-elle ajouté. Spécifiant que le maitre du Kremlin « compte probablement sur un affaiblissement de la détermination des Etats-Unis et de l’Union européenne lorsque les pénuries de biens alimentaires et la hausse des prix de l’énergie vont s’aggraver », a-t-elle prévenu.

Les ambitions de V. Poutine dépassent selon elle les capacités de l’armée russe et cela « signifie probablement que nous allons évoluer dans les prochains mois selon une trajectoire plus imprévisible et potentiellement une escalade », a ajouté A. Haines. « La tendance actuelle augmente les chances que le président Poutine se tourne vers des mesures plus drastiques, y compris l’instauration de la loi martiale, la réorientation de la production industrielle ou une potentielle escalade militaire afin de libérer les ressources nécessaires pour atteindre ses objectifs », a-t-elle poursuivi. « Nous continuons de penser que le président Poutine n’ordonnera l’usage de l’arme nucléaire que s’il perçoit une menace existentielle pour l’Etat ou le régime russe », a-t-elle noté.

Le président russe pourrait néanmoins y recourir « s’il pense qu’il perd la guerre en Ukraine et que l’Otan est soit en train d’intervenir, soit se prépare à intervenir », a-t-elle précisé. Mais, même dans cette hypothèse, « il est probable qu’il enverrait des signaux » avant de le faire, a-t-elle fait savoir.

 

Recommandé pour vous