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Budget économique exploratoire : Le HCP table sur une croissance de 2.9% en 2022

Après une récession profonde en 2020 sur fond des retombées de la crise sanitaire, l’économie nationale aurait enregistré un fort rebond de « rattrapage » en 2021 selon le Haut-commissariat au plan. Cependant et sous l’hypothèse d’une maîtrise progressive de la pandémie grâce à une meilleure couverture vaccinale, l’année 2022 devrait connaître une décélération du rythme de croissance économique et un retour progressif à une situation quasi-normale dans un contexte qui serait marqué par une hausse de l’inflation.

Les prévisions de la croissance économique nationale pour l’année 2022 telles qu’elles ressortent du budget économique prévisionnel du HCP se basent sur un scenario d’une production céréalière moyenne durant la campagne agricole 2021/2022 et prennent en compte les nouvelles dispositions de la loi de finance 2022. Ces projections supposent également la poursuite de l‘amélioration de la demande mondiale adressée au Maroc, la consolidation des IDE et le maintien des transferts des MRE.
Cependant, ces perspectives devraient rester entourées de fortes incertitudes liées à l’évolution de la situation pandémique, notamment l’apparition d’éventuels variants. De ce fait, les mesures restrictives qui en découlent devraient impacter négativement les tendances de l’offre et de la demande et freiner par conséquent la croissance économique nationale. En tenant compte des hypothèses retenues, la reprise économique nationale devrait se poursuivre en 2022, quoiqu’en décélération après le fort rebond attendu en 2021. Le secteur primaire devrait afficher une valeur ajoutée en baisse de 1,6% en 2022 par rapport à une hausse de 17,9% l’année précédente, alors que les activités non agricoles devraient bénéficier de la bonne tenue de l’activité économique de nos principaux partenaires commerciaux et de l’opérationnalisation du plan de relance en 2022. Ces activités devraient ainsi connaître une croissance de près de 3,5 % en 2022 en ralentissement par rapport à 5,6% attendue en 2021.
Le secteur secondaire devrait, de sa part, continuer d’enregistrer une valeur ajoutée en croissance modérée, affichant un taux de 3,3% en 2022 au lieu de 6,8% en 2021, retrouvant ainsi la moyenne de 2,7% réalisée durant la période 2014-2019. Cette faible performance du secondaire serait expliquée par la décélération des industries de transformation qui auraient enregistré une valeur ajoutée en croissance de seulement 3% en 2022. L’industrie agroalimentaire qui aurait profité des retombées de la bonne année agricole en 2021, son taux de croissance ne serait que de 0,8% en 2022. Cependant, les industries chimique et parachimique, les industries mécanique, métallurgique et électrique et les industries du textile et du cuir devraient réaliser des taux de croissance de leurs valeurs ajoutées de respectivement 4,9%, 4,6% et 4,1%. Ces industries devraient tirer profit du raffermissement de la demande étrangère adressée aux secteurs exportateurs. Elles devraient également profiter de la stratégie nationale de l’encouragement du label « Made in Morocco » et des nouveaux investissements planifiés pour l’année 2022.
Le secteur du BTP devrait aussi profiter des incitations publiques ainsi que du redressement de la demande intérieure pour réaliser une croissance de 3,2%. De leur part, les secteurs des mines et de l’énergie réaliseraient des valeurs ajoutées en croissance de 4,2% et 4,7% respectivement.
Quant au secteur tertiaire, qui devrait s’accroitre de 3,6% en 2022, continuerait de subir les effets négatifs de la crise pandémique avec toutefois un redressement prévu des services marchands, particulièrement l’amélioration attendue des activités touristiques et du transport aérien suite à l’ouverture attendue des frontières en 2022. Compte tenu de ces évolutions et d’une hausse des impôts et taxes sur produits nets de subventions de près de 3,9%, le Produit Intérieur Brut devrait enregistrer un taux de croissance de l’ordre de 2,9% en 2022 après un rebond de 7,2% attendu en 2021.
Perte de pouvoir d’achat des ménages
La décélération de la croissance pourrait également se répercuter sur la croissance des revenus, la consommation et l’épargne nationale. En termes de projections, le revenu national brut devrait ralentir en 2022 pour atteindre un taux de croissance de 2,5%, largement inférieur à la moyenne de 4% réalisée entre 2014 et 2019.
La consommation finale des ménages devrait augmenter de 2,8% en volume. En revanche, sa variation en valeur aurait atteint 4,6%, reflétant une perte du pouvoir d’achat suite à la hausse des prix, qui devraient continuer à augmenter en 2022 au rythme de 1,8%. En effet, le pouvoir d’achat des ménages devrait s’accroitre de seulement 0,7% en 2022, accusant ainsi une baisse de son rythme de progression qui est passé d’une moyenne annuelle de 2,4% entre 2000 et 2009 à 1,1% entre 2010 et 2019. Une situation qui s’est accompagnée aussi bien par une aggravation de l’endettement des ménages qui s’estime aujourd’hui à plus de 34% du PIB (près de 400 Mrds DH) et par une décélération de la croissance de leurs crédits à consommation qui est passé d’une moyenne annuelle de 20,5% à 6,6% sur ces deux périodes et de chuter de 4,1% en 2020 avec la crise du Covid. En total, les crédits bancaires devraient s’accroître de 3,7% en 2022, sous l’effet de la poursuite de redressement de la reprise prévue des activités économiques et de l’impact attendu des programmes de soutien des ménages et des entreprises.
De son côté, la consommation des administrations publiques devrait, s’accroître de 2,7% conduisant ainsi à une progression de la consommation finale nationale de 2,8%, et qui devrait contribuer de 2,2 points à la croissance économique en 2022 au lieu de 4,8 points en 2021. L’investissement brut total, de son côté, devrait s’accroître d’environ 5,3% limitant sa contribution à la croissance à 1,6 point après une contribution consolidée de 3,8 points en 2021. Au total, la demande intérieure devrait progresser de 3,5% en volume au lieu de 8% en 2021, limitant ainsi sa contribution à la croissance économique nationale à 3,8 points au lieu de 8,6 points en 2021.
Dans ce contexte, l’épargne nationale devrait représenter 28,4% du PIB suite à une amélioration de l’épargne intérieure qui devrait maintenir son taux à 22,2% du PIB en 2022 et compte tenu des revenus nets en provenance du reste du monde qui devraient atteindre 6,2% du PIB en liaison avec le maintien des transferts des MRE à un niveau confortable.
Financement et endettement en hausse
Avec un taux d’investissement brut qui serait de 32% du PIB en 2022, le compte épargne-investissement dégagerait en conséquence un besoin de financement de l’ordre de 3,6% du PIB, en creusement par rapport à 2,5% du PIB attendu en 2021. Ce besoin de financement qui reflète aussi le résultat du compte courant de la balance des paiements, traduit le déficit structurel des échanges extérieurs du pays. En effet, en 2022 le déficit commercial devrait atteindre 17,6% du PIB, soit une accentuation d’un point de pourcentage par rapport à son niveau en 2021. En prenant en considération les évolutions nettes des services, le déficit en ressources serait en accentuation de 0,4 point par rapport à 2021 atteignant -11,3% du PIB en 2022. Ceci serait le résultat d’une croissance nominale des exportations de biens de 10,7%, tandis que les importations afficheraient une hausse de 10,1% en 2022.
En volume, les exportations nationales devraient consolider leur sentier de croissance suite au dynamisme des métiers mondiaux pour afficher une croissance de 7,2% au lieu de 9,5% en 2021. De leur côté, les importations devraient enregistrer une augmentation moins importante en 2022, soit 7,8% au lieu de 11,2% 2021. Ainsi, la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique serait négative de 0,9 point du PIB en 2022. Pour ce qui est de la politique budgétaire en 2022, elle devrait rester orientée en faveur du soutien de l’économie nationale en maintenant un déficit budgétaire de près de 6,1% du PIB.
Cette orientation est combinée à une augmentation des dépenses d’investissement, qui devraient atteindre 7,2%, et des dépenses ordinaires incompressibles, qui poursuivraient leur tendance haussière pour représenter près de 21,7% du PIB. Cette augmentation serait portée par la hausse des dépenses de la masse salariale à 12,1% du PIB et des dépenses des autres biens et services (5,6% du PIB). En supposant que le prix moyen du gaz butane continue à augmenter, la charge de compensation devrait avoisiner 1,6% du PIB. Néanmoins, le solde ordinaire devrait se redresser en 2022, sous l’effet d’une augmentation continue des recettes fiscales (18,5% du PIB), en lien avec la reprise de l’activité économique. Cette perspective serait également renforcée par l’introduction de certaines taxes et l’augmentation de la TIC et des droits d’importation appliqués à certains produits. L’impôt sur les sociétés devrait retrouver son taux de croissance d’avant la crise grâce à l’amélioration des bilans des entreprises en 2021. De même, les recettes de l’impôt sur le revenu et de la TVA devraient bénéficier de l’augmentation attendue de la demande. Pour combler ses besoins de financement, le Trésor aurait recours aux emprunts intérieurs et extérieurs.
Dans ce cadre, les projections pour 2022 montrent que le taux d’endettement du Trésor devrait augmenter à 78,5% du PIB, dont 60% du PIB de dette intérieure et 18,5% de dette extérieure. Les répercussions de la crise Covid-19 ont également révélé la vulnérabilité des finances publiques aux chocs exogènes et la possibilité de créer des espaces budgétaires. Avec une dette extérieure garantie par l’Etat qui devrait se stabiliser à près de 14,7% du PIB en 2022, le taux d’endettement public global, en augmentation continue, devrait atteindre 93,2% du PIB en 2022, contre 90,3% en 2021.
Le Budget Économique Prévisionnel 2022 présente une révision du budget économique exploratoire publié au mois de juillet 2021. Il s’agit d’une nouvelle estimation de la croissance de l’économie nationale en 2021 et d’une révision de ses perspectives en 2022 et de leurs effets sur les équilibres macroéconomiques interne et externe.

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