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Catacombe dans le Baghouz : Le Pentagone dans le box des accusés

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Le New York Times a révélé que l'armée US a bombardé un groupe de civils et tué 70 personnes en Syrie en mars 2019. Le commandement central a quant à lui invoqué la «légitime défense» établie par une enquête militaire.

L’armée américaine a invoqué la «légitime défense» pour une frappe aérienne de 2019 en Syrie ayant tué 70 civils, après la publication d’une enquête du New York Times accusant le Pentagone d’avoir cherché à dissimuler la présence de victimes non-combattantes.
Selon cette enquête parue le 13 novembre, une force spéciale américaine opérant en Syrie – parfois dans le plus grand secret – a bombardé à trois reprises le 18 mars 2019 un groupe de civils près de Baghouz, le dernier bastion de Daech, tuant 70 personnes dont des femmes et enfants. Le quotidien new-yorkais affirme qu’un avocat militaire a immédiatement «signalé la frappe comme un possible crime de guerre [mais que] l’armée a pris des mesures qui ont dissimulé la frappe catastrophique».
Le commandement central de l’armée américaine a indiqué dans un communiqué détaillé le 14 novembre qu’une enquête militaire avait déterminé qu’il s’agissait de «frappes de légitime défense», «proportionnées» et que des «mesures appropriées avaient été prises pour exclure la présence de civils». L’enquête lancée par le Pentagone après que la présence de victimes civiles eut néanmoins été rapportée a établi que les frappes, en plus de 16 combattants de Daech, avaient tué au moins 4 civils et blessé 8 autres. «Nous endossons l’entière responsabilité des pertes de vie non-intentionnelles», a déclaré selon le communiqué le porte-parole du commandement central, le capitaine Bill Urban, ajoutant que l’armée «exècre la perte de vies innocentes». L’enquête militaire n’a toutefois pas permis de «déterminer avec certitude le statut de plus de 60 autres victimes», précise le communiqué. Certaines femmes et certains enfants, «que ce soit suite à un endoctrinement ou à un choix, ont décidé de prendre les armes […] et à ce titre, n’ont pu être strictement identifiés comme des civils», soutient le commandement central.
Selon le New York Times, ces frappes ont été menées malgré la présence de civils à la demande de cette unité des forces spéciales, la «Task Force 9», et en ignorant les directives qui avaient été données par l’armée américaine précisément pour éviter les victimes civiles sur ce terrain de conflit. Chaque bombardement, explique le quotidien, devait être précédé de minutieuses vérifications : surveillance au drone, «parfois pendant des jours ou des semaines», examen par des analystes pour différencier combattants et civils, présence de juristes pour s’assurer du respect du droit de la guerre.
«Parfois, quand la force spéciale ne remplissait pas ces exigences, les commandants au Qatar [où se situe une base aérienne américaine] et ailleurs refusaient de donner le feu vert pour la frappe», détaille l’enquête. Mais le 18 mars 2019, la Task Force 9 a contourné ces consignes de prudence en faisant état d’un danger imminent et invoquant le droit à la légitime défense, comme lors de nombreuses autres frappes au cours de ce conflit, explique le New York Times. «Une position des FDS [Forces démocratiques syriennes, dirigées par les Kurdes et soutenues par la coalition] essuyant un feu nourri et menacée d’être débordée a demandé des frappes aériennes défensives sur des positions de combattants de [Daech]», explique de son côté le commandement central, qui assure en outre n’avoir pas disposé au moment des faits de drone équipé de caméra à haute-définition au-dessus du champ de bataille. «Il est important de comprendre que [ces combattants de Daech] avaient décidé de mettre leurs propres familles en danger [alors que des possibilités d’évacuation] leur avaient été offertes», affirme le communiqué militaire. L’enquête, ajoute-t-il, a déterminé qu’aucune action disciplinaire n’était requise.
Le New York Times avait déjà été à l’origine début novembre de révélations sur une frappe américaine ayant tué dix civils afghans, dont sept enfants, à Kaboul le 29 août alors que le chaotique retrait d’Afghanistan touchait à sa fin. L’armée US a estimé qu’il s’agissait dans ce cas d’une erreur tragique, tout en assurant n’avoir pas enfreint les lois de la guerre.

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