Même si le centre d’Alger a été fortement quadrillé par les forces de l’ordre, l’esplanade de la Grande poste, berceau du Hirak comptant plus de policiers et de véhicules de sécurité, les manifestants ont battu le pavé en ce lundi 22 février. Un soulèvement populaire qui semble incompressible, comme le montre la mobilisation populaire qui s’est manifestée avec un grand éclat dans plusieurs villes et bourgs.
En prévision de l’anniversaire du Hirak qui a réussi à mettre en touche le Président grabataire Bouteflika, les forces de l’ordre ont été fortement mobilisées. Et plusieurs manifestants ont été arrêtés par les services de sécurité. Plus, Rachid Nekkaz a fait l’objet d’une agression au cours d’un meeting à Mostaganem à l’occasion du deuxième anniversaire du déclenchement du Hirak, rapporte le Comité national de libération des détenus (CNLD) sur Facebook.
Dans la capitale où les manifestants se comptaient par milliers, ce sont les mêmes revendications qui ont été scandées, à savoir la réaffirmation, forte, de l’exigence du changement de système. le CNLD a fait état d’une quinzaine d’interpellations parmi lesquelles on compte le coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS), Fatehi Ghares ainsi que de Wahid Benhala (membre du bureau national). Abdelwakil Blamm a été signalé comme arrêté par le CNLD, de même qu’Othmani Fateh. Les deux ont été arrêtés à El Hamma. À Alger toujours, le CNLD a fait état de l’arrestation à la place Audin de Youva Amara et Yazid Wari, originaires de Tazmalt (Béjaïa). Deux citoyens de Bou Saâda, Omar Boudjemaa et Seddik Lahouichi, ont également été arrêtés cette fois à Bab El Oued. Toujours à Alger, Chérif Ghessoul, Oussama Saïdi, Mohamed Mecheri et Nabil Ferasta ont été arrêtés dimanche à la Grande Poste. Tous sont originaires de Bordj Bou Arreridj, rapporte la même source.
À Tebessa, Kafi Azzoune a été interpellé à Ouanza alors qu’il portait un drapeau sur ses épaules. Il a été relâché quelques heures plus tard. À Oran, d’autres manifestants ont été arrêtés dont Houari Fellahi et Belkacem Maza, ainsi qu’une femme. À Tiaret, le CNLD fait état de l’arrestation d’une vingtaine de personnes, tandis que l’arrestation d’Ali Sahraoui a été signalée à M’Sila.
À Mostaganem, Abdelkader Ben Hamadi (Kader Mouad) a été brièvement arrêté avant d’être relâché. Dans la même ville, le CNLD fait également état de l’agression de R. Nekkaz lors d’une tentative d’interpellation policière alors qu’il prenait la parole publiquement durant une manifestation pacifique. La scène a été filmée et relayée en direct sur le compte Facebook du militant.
Les nombreuses manifestations et rassemblements organisés lundi en Algérie, à l’occasion de l’An II du Hirak populaire, déclenché le 22 février 2019, témoignent si besoin est que le Peuple n’entend nullement se laisser berner par le système dont il réclame le départ. Si le président par défaut Abdelmadjid Tebboune avait annoncé avoir signé un décret portant grâce présidentielle de détenus du Hirak, laquelle n’a bénéficié qu’à 33 détenus dont Rachid Nekkaz et Khaled Drareni, il faut voir en la répression qui s’est abattue sur les manifestants un reniement des engagements du sytème.
L’emprisonnement de militants est la preuve flagrante des manœuvres tentées par le système en vue de siphonner la colère populaire. Ni la dissolution du parlement et l’appel à la mobilisation des jeunes pour des législatives anticipées, ni le limogeage de quelques ministres par le Président par défaut, n’ont réussi à calmer les esprits des partisans du Hirak populaire. Lequel exige la fin de la prédominance de la caste des galonnés sur les arcanes du pouvoir et réclame l’indépendance du pays. Assurément, le Hirak populaire est fait pour durer jusqu’à la satisfaction des revendications populaires. Vermoulu, le système tente de durer par des opérations de charme et de replâtrage. Mais cela n’occulte en rien la réalité d’un délitement généralisé du pouvoir.