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Dossier migratoire : Madrid exige toujours plus de Rabat

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Dans le dossier migratoire ouvert entre Rabat et Madrid, la partie marocaine se déclare prête au rapatriement des mineurs marocains ayant réussi à s’infiltrer au Préside de Sebta. Madrid qui entend à boucler son dispositif de veille, Dakar et Nouakchott s’y sont associés, cherche plus auprès de son voisin pour endiguer les vagues migratoires, notamment en Atlantique. Sans pour autant se sentir lié par les dispositions du Pacte mondial pour les migrations sûres. Rabat pourrait exiger plus de son partenaire ibérique.

Lors de la réunion du Groupe migratoire mixte permanent maroco-espagnol vendredi, à Rabat, la partie marocaine a réitéré son engagement, conformément aux instructions royales, à rapatrier tous les mineurs non accompagnés «dûment identifiés», entrés dans des conditions irrégulières sur le territoire espagnol, indique l’agence de presse EFE.

Concernant les mineurs dont les procédures de rapatriement vers le Maroc ont été suspendues par des tribunaux espagnols, les deux délégations ont convenu d’agir en tenant compte de «l’intérêt supérieur du mineur», notamment par «la prévention et la protection», ajoute la même source.

La justice ibérique avait ordonné, en août 2021, de geler  toutes les opérations de rapatriement des mineurs marocains arrivés les 17 et 18 mai 2021dans le Préside occupé de Sebta, lors de l’exode de milliers de personnes.

La réunion n’a pas occulté la route atlantique de l’immigration. Rafael Pérez, secrétaire d’Etat au ministère de l’Intérieur, a mis l’accent sur les mécanismes de collaboration conjointe qui ont démontré leur «efficacité opérationnelle» ces dernières années, notamment les patrouilles conjointes maritimes, terrestres et aériennes entre la Garde civile et la Gendarmerie royale. Le responsable a exprimé sa volonté de continuer à intensifier l’effort dans ce domaine «avec agilité et flexibilité», rapporte le site du ministère espagnol de l’Intérieur.

Un média canarien a révélé mardi que les représentants de l’Exécutif ibérique prévoient de proposer à la partie marocaine un accord de collaboration pour initier des patrouilles conjointes capables d’intercepter le départ des embarcations de migrants vers l’archipel. Un accord que la Garde civile a déjà signé avec le Sénégal et la Mauritanie, respectivement en 2006 et 2014.

 

Failles espagnoles

A signaler dans ce cadre que la partie espagnole qui veut plus de ses partenaires du Sud présente bien des failles dans sa politique migratoire. Madrid n’a toujours honoré les engagements pris dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dénoncent des ONG qui surveillent le respect des 23 objectifs pris dans le cadre du sommet de Marrakech de 2018.

Les acteurs regrettent ainsi le peu de progrès réalisés en Espagne dans les domaines centraux, comme la création de canaux réguliers pour la migration, le droit du travail et les politiques d’inclusion, rapporte Publico Ils dénoncent par ailleurs la généralisation de la pratique des «retours à chaud», pourtant illégaux, et les grandes disparités salariales entre les migrants et les Espagnols.

Red Acoge, Médecins du monde, Cepaim, Rumiñahui et Alianza por la Solidaridad, collectif d’ONG qui participent au suivi et à la surveillance des engagements, ont présenté leurs conclusions jeudi dernier dans le rapport «Migrations de droit : les défis de l’État espagnol face au Pacte mondial sur les migrations» en prévision du sommet du Forum international d’évaluation des migrations, prévu à New York du 16 au 20 mai.

Bien que plusieurs des objectifs du pacte parlent de «gouvernance des frontières» garantissant la «protection des migrants», les ONG rappellent que depuis des décennies, l’Espagne signe des accords bilatéraux avec les pays d’origine et de transit des migrants, comme le Maroc. Ces accords ont initié l’externalisation de leurs frontières et ce que les organisations appellent «l’externalisation des droits de l’Homme».

Le recours à la détention des migrants est courant en Espagne, alors que le séjour ou l’entrée irrégulière soit une infraction administrative et pas un crime, outre les mauvais traitements infligés aux détenus passés sous silence.

Les possibilités d’obtention de permis de travail prévues par la loi sur les étrangers en Espagne «se sont révélées inefficaces, sélectives et ne répondent pas à la réalité du marché du travail», indique le rapport. Par ailleurs, l’Espagne n’a toujours pas ratifié la convention 189 de l’Organisation internationale du travail sur les emplois domestiques, qui met leurs droits à égalité avec ceux des autres secteurs.

Enfin, les organisations soulignent que les objectifs du pacte relatifs à l’intégration et à la non-discrimination des migrants ne sont pas atteints. Ils soulignent par ailleurs des retards allant jusqu’à huit mois dans le renouvellement des permis de séjour, ce qui provoque des situations d’irrégularité flagrante. Ils dénoncent également la poursuite des identifications policières basées sur le profilage ethnique ou racial, pratique «discriminatoire, humiliante et stigmatisante» pour la population migrante.

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