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Dossier saharien : L’Exécutif espagnol a mal à sa majorité…

Le repositionnement de Madrid dans le dossier saharien n’agréé par à tous les acteurs politiques espagnols. Les nostalgiques d’une ère ibérique révolue, comme les farouches défenseurs du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, montent au front contre le gouvernement socialiste qui a réussi à sortir les relations maroco-espagnoles de leur marasme. Radicales ou fleurant encore les relents colonialistes, ces critiques n’altèrent en rien la stratégie marocaine du patron de l’Exécutif espagnol.

Les sénateurs espagnols ont rejoint les députés pour rejeter le soutien apporté par Pedro Sanchez, chef du gouvernement, au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Une proposition non-contraignante, présentée par le groupe parlementaire confédéral fort des petites formations régionalistes d’extrême gauche, a été avalisée par une forte majorité. Seul le PSOE a voté contre le texte condamnant le «changement radical» du chef du gouvernement sur le conflit au Sahara.

En revanche, Vox et Ciudadanos ont opté pour l’abstention. Les deux partis d’opposition avaient, d’ailleurs, choisi la même ligne, le 7 avril, lors de l’examen d’une initiative similaire par la Chambre basse du Parlement espagnol.

Le Parti Populaire a, une fois de plus, apporté son appui aux partis d’extrême gauche, votant pour le rejet du soutien de la politique marocaine de P. Sanchez. Histoire de fragiliser le PSOE qui conduit la coalition gouvernementale.

Le texte que les sénateurs ont adopté il y a deux jours insiste sur le fait que «le dialogue, la négociation et l’accord menés de manière constructive et dans le respect du droit international permettront de parvenir à une solution politique juste, réaliste, viable, durable et mutuellement acceptable au Sahara». Comme chez les députés, la proposition des sénateurs n’a évoqué ni de près ni de loin «l’organisation d’un référendum» et le «droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».

Coalition fragile

Mais au-delà de ces escarmouches qui ont cours au sein du pouvoir législatif très dynamique, ce qui représente un coup dur pour l’Exécutif est la propension de bien des ministres de la coalition à sortir des rangs. Tel est le cas d’Alberto Garzón, ministre espagnol de la Consommation et secrétaire général de la Gauche unifiée, l’autre composante de la coalition d’extrême gauche, Unidas-Podemos. Ce dernier a tenu, jeudi dernier, une réunion avec une délégation des séparatistes du Polisario, conduite par ses représentants en Espagne et en Europe.

L’affaire est assez sérieuse pour ne pas être signalée d’autant que depuis la formation du gouvernement de la coalition de gauche, le 13 janvier 2020, P. Sanchez avait réussi à imposer à ses ministres «partenaires» au sein d’Unidas-Podemos, d’éviter tout contact officiel avec des membres du Polisario. Même Pablo Iglesias, ex-secrétaire général de Podemos, connu pour ses fortes accointances avec le Polisario, n’a pas dérogé à la règle de conduite lorsqu’il officiait au sein du gouvernement et avait même pris ses distances, en février 2020, vis-à-vis de l’initiative proposée par son camarade Nacho Álvarez, et secrétaire d’Etat chargé des Droits sociaux, lorsqu’il rencontra des représentants du Polisario. «C’est le ministère des Affaires étrangères qui détermine la position de l’Espagne sur le Sahara», avait-il déclaré à la presse pour expliquer pareil « lâchage ».

Abdellah Arabi, représentant du Polisario en Espagne, a dénoncé auprès d’A. Garzón, ce qu’il a qualifié de «servilité» vis-à-vis du Maroc. «Avant d’intégrer le gouvernement, les responsables de Podemos manifestaient de la sympathie pour la cause sahraouie, mais aujourd’hui ils nous ont totalement déçus», avait-il déploré.

 

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