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Dossier saharien : Tournée attendue de S. de Mistura…

A l’issue de la dernière réunion à huis-clos du Conseil de sécurité consacrée à la question du Sahara, l’envoyé personnel du patron de l’ONU a exprimé son souhait de reprendre son bâton de pèlerin dès que possible. Le Maroc qui a réussi à faire changer d’approche à l’Espagne, ancienne puissance colonisatrice, aborde le futur sous de meilleurs auspices. Ce qui n’empêche pas sa diplomatie de rester sur le qui-vive.

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, a eu mardi un entretien par visioconférence, avec Anniken Huitfeldt, son homologue norvégienne. Les deux responsables «ont constaté la convergence de vues sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment au Sahel et au Moyen Orient», assure la diplomatie marocaine dans un communiqué.

«Sur le plan multilatéral, M. Bourita et Mme Huitfeldt ont convenu de poursuivre la concertation au sein des instances internationales sur les questions prioritaires à travers le lancement d’initiatives conjointes», ajoute la même source.

Ces entretiens interviennent à la veille de la tenue d’une réunion du Conseil de sécurité, consacrée à l’examen de la question du Sahara occidental. En avril 2021, N. Bourita avait eu une réunion, par visioconférence, avec Marie Eriksen Søreide, ancienne ministre norvégienne des Affaires étrangères.

Membre non-permanent du Conseil de sécurité du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2022, les positions de la Norvège sur le dossier du Sahara, sont traditionnellement en faveur des thèses du Polisario, et en particulier sur la question de l’élargissement du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme dans les provinces sahariennes. En 2010, le pays nordique s’était également opposé à l’intégration du Sahara dans l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne.

N. Bourita et A. Huitfeldt auront l’opportunité d’approfondir le dialogue entre les deux pays lors de la Conférence ministérielle de la Coalition mondiale contre Daech, prévue à Marrakech le 11 mai 2022

Pour rappel, c’est sous la présidence du Royaume-Uni que le Conseil de sécurité de l’ONU a tenu mercredi, une réunion à huis-clos, à New York, consacrée à l’examen de la question du Sahara occidental avec, pour la première fois, la présence de Staffan de Mistura, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, et Alexander Ivanko représentant personnel du secrétaire général et chef de la MINURSO.

Le Maroc aborde ces consultations sous un autre jour au regard du succès rencontré par son offre, le plan d’autonomie élargie en l’occurrence, auprès de plusieurs pays tels l’Allemagne, les Etats-Unis, la France et l’Espagne, le royaume ibérique étant le dernier pays européen à intégrer cette dynamique rejoint depuis le 18 mars dernier. Pedro Sanchez, chef du gouvernement espagnol, a qualifié, dans une lettre adressée au roi Mohammed VI, la proposition marocaine de «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend». Le repositionnement de Madrid sur la question a son pesant d’or sachant que les provinces sahariennes récupérées par le Maroc étaient sous sa houlette coloniale.

Autant d’appuis internationaux que l’instance exécutive de l’ONU a déjà consacrées dans 18 résolutions consécutives, et ce depuis 2007, y compris la dernière résolution (2602), adoptée en octobre 2021 par 13 voix pour et les abstentions de la Russie et la Tunisie. Un texte qui encourage, dans son paragraphe 6, à la reprise des «consultations entre l’envoyé personnel et le Maroc, le Front Polisario, l’Algérie et la Mauritanie» et de «s’appuyer sur les progrès réalisés» auparavant. Le Conseil se réfère, ainsi, aux « Tables rondes » de Genève de décembre 2018 et mars 2019. Pour rappel, Alger avait annoncé qu’elle ne participera plus à ces rencontres au motif qu’elle privilégie des négociations directes et exclusives entre Rabat et le Polisario. Une position « fixe » du voisin de l’Est qui, entre-temps, a choisi l’escalade en décidant de la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat.

Il y a lieu de signaler que S. de Mistura a salué, en privé, l’appui de l’Espagne à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara occidental, indiquent des «sources gouvernementales» à Madrid, relayées par les médias ibériques. L’envoyé personnel du patron de l’ONU s’est félicité de la nouvelle position espagnole, la qualifiant de «plus claire».

A rappeler que l’émissaire onusien a demandé à l’exécutif espagnol de «ne pas entraver» la recherche d’une solution possible au conflit du Sahara, ajoutent les mêmes sources. Et trois jours après la publication de la lettre de P. Sanchez adressée au roi Mohammed VI, S. De Mistura a rencontré Jose Luis Albares, chef de la diplomatie espagnole pour la troisième fois en l’espace de quelques mois.

Bâton de pèlerin

En marge de la réunion à huis-clos du Conseil de sécurité, S. de Mistura, a indiqué mercredi qu’il entreprendrait prochainement une nouvelle tournée régionale pour tenter de faire avancer le processus de résolution de ce conflit. Interrogé par l’AFP pour savoir si ce serait dans les semaines ou mois à venir, il a répondu: « Non, cela va être — j’espère — bientôt. » Il n’a pas non plus donné de dates au Conseil de sécurité, selon des diplomates, ni précisé les lieux où il comptait se rendre.

Lors de la réunion, « tous ont soutenu (mes) efforts » pour relancer le processus de négociation politique d’une solution à ce conflit, s’est félicité le messi dominici onusien qui reprend ainsi son bâton de pèlerin.

Des sources diplomatiques ont indiqué que les membres du Conseil de sécurité ont répété lors de la session, qui est semestrielle, leurs « mêmes positions » sur le conflit.

L’émissaire de l’ONU, nommé en novembre, avait effectué en janvier sa première tournée dans la région, qui l’a conduit à Rabat au Maroc, en Mauritanie, et à Tindouf en Algérie pour y rencontrer le Polisario.

Pour Rabat, la relance des négociations, suspendues depuis 2019, doit s’inscrire dans le cadre de « tables rondes » réunissant le Maroc, le Polisario, mais aussi l’Algérie et la Mauritanie. Alger est cependant opposé à des pourparlers sous cette forme, souhaitant des négociations bilatérales entre le Polisario et le Maroc.

Les tensions se sont accrues en 2020 et 2021 entre l’Algérie et le Maroc, culminant avec la rupture par Alger de ses relations diplomatiques avec son voisin, fin août. Début avril, le Front Polisario a annoncé « rompre » tout contact avec le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez après le revirement de Madrid en faveur de la position marocaine sur la question.

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