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Dossier Saharien : Washington appuie la démarche onusienne

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C’est à Washington qu’Antony Blinken, patron de la diplomatie américaine, a rencontré, jeudi, Staffan de Mistura, diplomate onusien chargé du dossier saharien. Une visite attendue à l’issue de la première tournée réalisée par le messi dominici dans les capitales impliquées dans l’affaire. Si Washington appelle à privilégier l’ONU dans tout processus politico-diplomatique, Alger s’inscrit en faux vis-à-vis de cette démarche en agitant ses soutiens au sein de l’organisation panafricaine.

Le chef de la diplomatie US a réitéré lors de cette entrevue «l’engagement continu des Etats-Unis à soutenir les actions de M. De Mistura pour mener le processus politique de l’ONU au Sahara occidental», indique un communiqué produit par Ned Price, porte-parole du Département d’Etat.
A. Blinken et l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental «ont également discuté de l’engagement diplomatique avec les partenaires internationaux pour renforcer un processus politique crédible qui conduira à une résolution durable et digne à ce conflit», conclut le communiqué.
En janvier, S. De Mistura a fait le déplacement à Washington pour affranchir l’administration US de la teneur des contacts entrepris par le messi dominici en janvier lors de la tournée qui l’a conduit au Maroc, dans les camps de Tindouf, en Mauritanie, en Algérie et en Espagne. Il s’agit-là, il faut le rappeler, du premier contact avec l’ensemble des parties, depuis la prise de ses fonctions en novembre 2021. Après sa réunion avec A. Blinken, le diplomate onusien devrait annoncer sa feuille de route pour le règlement de ce différend régional. Un rapport dans ce sens atterrira donc sur le bureau d’Antonio Guterres, patron de l’ONU.
La teneur du message US développé par l’administration US à cette occasion a de quoi satisfaire Rabat dont la diplomatie a toujours insisté sur l’examen exclusif de cette question par les Nations unies, contrairement aux thèses développées par le Polisario et son principal soutien, l’Algérie en l’occurrence, qui plaident pour un rôle de l’Union africaine dans les pourparlers.

Manœuvres algériennes
Le Maroc qui vient de réintégrer le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA aura fort à faire pour contrer les manœuvres des principaux soutiens des séparatistes du Polisario. En tête desquels figure le Kenya qui assure la présidence tournante du conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine durant février. Ce pays a exprimé son souhait de voir la question du Sahara occidental examinée au niveau de la réunion des chefs d’État et de gouvernement membres du conseil.
Le communiqué du CPS, publié cette semaine, indique que pour le mois en cours, «le CPS devrait tenir deux réunions, au niveau des ambassadeurs, pour examiner les situations au Soudan et en Guinée, ainsi que pour recevoir une mise à jour sur l’état des consultations sur l’AMISOM (mission de l’Union africaine en Somalie, ndlr) après 2021». «Le CPS se réunira au niveau ministériel sur l’urbanisation, les femmes, la paix et la sécurité en Afrique et au niveau des chefs d’État et de gouvernement pour examiner la situation au Sahara occidental et suivre la mise en œuvre des délibérations de Nairobi sur le terrorisme et les extrémismes violents en Afrique», précise la même source. Cette session est prévue mercredi 16 février.
Pour rappel, en mars de l’année dernière, lorsque le Kenya présidait le CSP, Uhuru Kenyatta, chef de l’Etat kényan, avait appelé, lors d’une session sur la paix durable en Afrique, à un «cessez-le-feu immédiat» au Sahara, demandant à la troïka de l’Union africaine et à l’envoyé spécial de l’UA pour le Sahara occidental, Joachim Chissano, de «revigorer le soutien à la médiation menée par l’ONU».
Le retour du Maroc au CPS a de quoi gêner aux entournures les manœuvres qui ciblent sa cause nationale. L’Algérie n’a pas manqué de réagir à l’élection du Maroc pour un mandat de trois ans au sein de cette instance stratégique. Surtout que la diplomatie marocaine s’évertue à vouloir réformer ladite instance pour en préserver la neutralité et renforcer la crédibilité au lieu de rester comme une simple caisse de résonnance aux appels de l’axe Alger-Pretoria.

Réformer le CPS
Le Royaume n’en fait pas un mystère. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, qui s’est réuni, le 16 novembre à Rabat, avec Bankole Adeoye, Commissaire aux Affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l’Union Africaine, s’est voulu clair. «La réforme de la Commission des Affaires politiques, de la paix et de la sécurité ne pourra pas se concrétiser sans auparavant, réformer le Conseil de paix et de sécurité (CPS). Le Maroc est disposé à apporter son soutien à ce processus», avait soutenu le ministre marocain à son hôte.
Pour l’heure, l’Algérie digère mal le retour de Rabat au sein du CPS. La preuve est à décrypter à l’aune de la faconde développée par l’APS, agence de presse officielle algérienne. «L’adhésion au CPS mettra le Maroc au pied du mur et face à ses contradictions : au mieux, il sera amené à préconiser l’exécution des décisions du CPS qu’il refuse d’appliquer et au pire à dévoiler son intention de saper et de détricoter le travail et le fonctionnement du CPS, alors que l’Algérie a tout fait pour les renforcer durant tous ses mandats exercés au sein de cet organe», a notamment indiqué un récent article produit par l’APS. Laquelle estime que si l’Algérie, qui devra quitter l’instance de l’Union africaine le 31 mars prochain, «des pays tels que l’Ouganda, la Tanzanie, la Namibie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud, qui se retrouvent toujours sur les mêmes positions que l’Algérie, seront à l’intérieur du CPS, constituant ainsi un soutien de taille pour l’Algérie sur les questions importantes que le CPS aura à examiner». Dès lors, le Maroc «se retrouvera forcément isolé face à la neutralité de certains membres et surtout face à l’engagement militant de plusieurs autres membres, notamment sur la question du Sahara occidental». Et de conclure en rappelant que la candidature du Maroc n’a remporté que 36 voix contre 46 pour la Tunisie.
Le Maroc ne se retrouve pas orphelin au CPS. En effet, la présence au sein de cette instance de l’UA de six pays, ayant déjà ouvert des consulats au Sahara, comme le Sénégal, le Burundi, Djibouti, la République Démocratique du Congo, la Gambie et la Guinée équatoriale, doit donner de l’urticaire à l’establishment algérien et à ses inconditionnels soutiens en Afrique. Plus, Rabat peut compter aussi dans son ambition de réformer le CPS sur le Tchad, voire aussi le Ghana qui tout en n’ayant pas encore retiré sa reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)», avait boudé, en décembre dernier, l’invitation de l’Algérie à une réunion à Oran, destinée à orienter les pays africains siégeant au Conseil de sécurité à parler d’une seule voix et défendre les positions du Polisario. Accra est membre de l’instance exécutive de l’ONU pour un mandat de deux années (2022-2023).
Autre poids lourd africain, à ne pas minorer, est le Nigéria qui siège toujours au CPS. Et entre Rabat et Abuja, l’alliance n’est pas à minorer, au regard des grands projets dont le gazoduc Maroc-Nigéria…
Dans la perspective de réforme du CPS, trusté des années par la diplomatie algérienne, Rabat ne manque ni d’appuis crédibles, ni de ressources. La présence massive de plusieurs ministres africains des affaires étrangères à la messe organisée par le Maroc à Addis-Abeba, témoigne déjà d’une nouvelle ère… Voire de ruptures à consommer. Sans modération.

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