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Expulsion de diplomates européens : Moscou met les bouchées doubles

Le ministère russe des Affaires étrangères a décidé d’introduire des mesures de représailles contre les pays européens qui avaient précédemment expulsé des diplomates russes et a convoqué les ambassadeurs plénipotentiaires de plusieurs États européens en même temps. Moscou a aussi claqué la porte du Conseil des Etats de la mer Baltique, un palier qui pourrait être suivi par d’autres.

Le siège du ministère russe des Affaires étrangères a été visité, en premier, par Pierre Levy, ambassadeur français et Giorgio Starace, ambassadeur italien. Les deux diplomates accrédités à Moscou ont reçu des notes sur l’expulsion des diplomates français et italiens de Russie, respectivement. Ainsi, 34 diplomates français, déclarés personae non gratae, rentreront en France, et 24 employés de la mission diplomatique italienne devraient revenir en Italie. Un délai de deux semaines a été fixé pour le départ des Français et Italiens de Russie.

Dans la foulée, le ministère russe a convoqué Marcos Gomez Martinez, ambassadeur espagnol, pour lui remettre une note similaire demandant le renvoi de 27 diplomates espagnols du pays. Les Espagnols, déclarés personae non gratae, n’ont que sept jours pour quitter la Russie.

Plus tôt, la France a déclaré 41 diplomates russes personae non gratae, l’Italie – 30, l’Espagne – 27. L’expulsion a été effectuée au motif que les employés des départements diplomatiques russes se livraient à des « activités incompatibles avec le statut de diplomate ».

Au total, au cours des derniers mois, les pays d’Europe, les États-Unis, le Canada ont expulsé ensemble environ 400 diplomates russes. La Russie a répondu en renvoyant pratiquement le même nombre d’employés des missions diplomatiques occidentales. En outre, Moscou a averti qu’elle se réservait le droit d’autres mesures de représailles contre des pays hostiles….

En outre, Moscou a annoncé mardi son retrait du Conseil des États de la mer Baltique. Ledit Conseil a été créé à l’éclatement de l’Union soviétique avec pour objectif une coopération de ses membres sur les questions de stabilité, de développement économique et social, de climat et de sécurité. Suspendu début mars de l’instance, Moscou estime que les Occidentaux « monopolisent ce conseil pour leurs objectifs conjoncturels ». Et il y a le risque de voir la Russie bouder d’autres instances « trustées » par l’Occident.

Sur le tarrain ukrainien, la Défense russe assure que des négociations avec les représentants des militaires ukrainiens bloqués dans l’usine métallurgique Azovstal à Marioupol ont permis d’aboutir à un «accord sur l’évacuation des blessés». Celui-ci incluait un cessez-le-feu et la mise en place d’un corridor humanitaire pour transporter les militaires ukrainiens blessés vers un hôpital à Novoazovsk, afin de leur apporter «toute l’aide nécessaire».  L’Ukraine avait estimé la semaine précédente que plus de 1 000 soldats ukrainiens, dont 600 blessés, se trouvaient dans le complexe sidérurgique mais a évoqué, par la voix du président Volodymyr Zelensky, une opération d’«évacuation» des soldats retranchés − qualifiés de «héros d’Azovstal» − à propos de la reddition en cours. Ce qui pouvait introduire une confusion avec d’autres événements, dont l’évacuation d’une cinquantaine de civils du site industriel le 7 mai, sous l’égide de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Le 16 mai, la Défense russe avait indiqué que 265 combattants ukrainiens s’étaient constitués prisonniers, parmi lesquels 51 étaient gravement blessés. «Tous ceux qui nécessitent une assistance médicale sont envoyés vers l’hôpital de Novoazovsk», localité située à l’est de Marioupol, sur le territoire de la République populaire de Donetsk.

Ganna Malyar, vice-ministre ukrainienne de la Défense avait annoncé la veille des chiffres proches, évoquant 264 combattants ukrainiens – dont 53 blessés – évacués vers l’est, en assurant que les combattants en question devaient être à l’avenir rapatriés en Ukraine «dans le cadre d’une procédure d’échange».

Selon l’agence Bloomberg, 20 entreprises européennes ont déjà ouvert des comptes auprès de GazpromBank pour payer le gaz russe en convertissant des euros en roubles. 14 autres clients ont demandé les documents nécessaires pour les ouvrir. Et 4 ont déjà effectué le paiement en roubles ! En effet, le temps presse, les délais de paiement pour les expéditions d’avril, pour les principaux acheteurs d’Europe de l’Ouest, approchent ce mois-ci.

Le 11 mai, le Premier ministre italien a même annoncé que l’Allemagne avait déjà commencé à payer le gaz russe en roubles. De plus, les dépenses allemandes en importations de marchandises en provenance de Russie ont augmenté de 77,7% en mars (soit 4,4 milliards d’euros). Et ses chiffres sont dus à la hausse des prix du pétrole et du gaz…

La Commission européenne, dirigée par Von Der Leyen, revoit ses calculs. Pour ne pas avoir l’air d’avoir été rattrapée par les réalités, la Commission annonce avoir élaboré un plan d’achat de gaz de la Russie qui ne violerait pas les sanctions. L’organe exécutif de l’UE lors d’une réunion fermée a ainsi permis aux gouvernements des pays européens d’ouvrir des comptes en roubles à GazpromBank pour l’achat du gaz russe. Pour ne pas perdre la face, la Commission attend des entreprises gazières qu’elles fassent une déclaration claire selon laquelle elles considèrent leurs obligations remplies lorsqu’elles paient en euros ou en dollars conformément aux contrats existants.

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