#Libération_Palestine

Logo Perspectives med

Guerre du blé : Passe d’armes entre Washington et Moscou

Vasily Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès des Nations Unies, a souligné que « Kiev évite par tous les moyens la coopération sur la sortie en toute sécurité des navires de la mer Noire ». Il réagit ainsi aux critiques formulées par les Américains à l’encontre de la Russie soupçonnée d’alimenter le blocus dans la région.

« Kiev continue d’empêcher 75 navires étrangers de 17 pays de quitter ses ports », a souligné le diplomate russe depuis le siège de l’ONU. « C’est l’Ukraine, et non la Russie, qui continue d’empêcher 75 navires étrangers de 17 pays de quitter les ports de Nikolaev, Kherson, Tchernomorsk, Marioupol, Ochakov, Odessa et Yuzhny », a-t-il martelé lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU organisé jeudi.

V. Nebenzia a qualifié de « malhonnêtes » les accusations occidentales de la Russie « d’interdire la circulation des navires commerciaux ainsi que la sortie des stocks de blé des ports ukrainiens ». Et de souligner qu’« il existe toujours un danger pour la navigation et les infrastructures des mines ukrainiennes, qui se sont échappées de leurs amarres le long des côtes des pays de la mer Noire ».

Le diplomate russe a cependant indiqué que « la Russie prend toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de la navigation civile dans les mers Noire et d’Azov », mais « l’Ukraine ne fait pas pareil ». Et de préciser que « sans la résolution de ce problème, il n’est pas possible de parler de la possibilité d’exporter les céréales ukrainiennes par voie maritime ».

En ce qui concerne la crise alimentaire mondiale, V. Nebenzia a estimé que la crise avait commencé bien avant la guerre en Ukraine, niant que la Russie ait joué un rôle dans son aggravation. Il a accusé les pays occidentaux d’être derrière la « spéculation sur les marchés à terme des produits alimentaires », qui est à l’origine de la crise.

Le diplomate russe a en outre indiqué que la Russie pourrait exporter 25 millions de tonnes de céréales via le port de Novorossiysk, du 1er août jusqu’à la fin de l’année. Comme il a fait part « des doutes raisonnables sur le fait que les céréales ukrainiens exportés ne satisferont pas les besoins du sud du monde affamé, mais sont pompés vers les dépôts des pays européens », soulignant que, de cette manière, « l’Ukraine paie le prix des armes fournies par l’Occident ».

Rappelons que les statistiques de l’Organisation mondiale de l’alimentation indiquent qu’environ 32 % du blé mondial est produit en Russie et en Ukraine, qui connaissent depuis février dernier une escalade militaire se reflétant sur les exportations agricoles des deux pays. Les prix du blé sur les marchés européens ont atteint un niveau sans précédent, affectés par la crise en Ukraine.

Plusieurs pays arabes, dont l’Égypte, sont touchés par la suspension des exportations de blé. Les céréales importées de la Russie et de l’Ukraine constituent 70 % des importations totales de blé égyptien. La crise du blé pourrait s’étendre au Liban, au Yémen, à l’Algérie, à la Libye et à d’autres pays arabes.

Antonio Guterres, patron de l’ONU, a appelé à libérer les exportations : les Nations Unies paient déjà plus de deux fois plus cher l’aide alimentaire qu’elles apportent aux pays dans le besoin.

Auparavant, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, a appelé la Russie à débloquer les ports. « L’approvisionnement alimentaire pour des millions d’Ukrainiens et des millions de personnes supplémentaires à travers le monde a quasi-littéralement été pris en otage par l’armée russe », a déclaré le chef de la diplomatie US. Ajoutant que « le gouvernement russe semble penser qu’utiliser la nourriture comme une arme va aider à accomplir ce que l’invasion n’a pas fait – briser le moral du peuple ukrainien. Mais la décision d’instrumentaliser la faim comme arme appartient à Moscou seulement, et à lui seule. »

La Russie a rejeté ces accusations et pointe du doigt les sanctions occidentales. Quatre cents millions de personnes dans le monde dépendent des céréales ukrainiennes, selon Kiev. Or, l’Ukraine envoie désormais cinq fois moins de blé qu’avant l’invasion.

Recommandé pour vous