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Investiture de l’Exécutif d’A. Akhnnaouch : Comme une lettre à la poste…

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Une formalité pour le chef de la majorité. Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, a obtenu la confiance de la chambre des représentants devant laquelle il s’est présenté, mercredi, pour expliquer la teneur du programme gouvernemental. Obtenant, sans difficulté, la confiance de la majorité des élus.

En se présentant mercredi devant la Chambre des représentants pour répondre aux différentes interventions des groupes parlementaires relatives au programme gouvernemental, A. Akhannouch a remercié la majorité et l’opposition, affirmant qu’il espère que cette dernière«continue ses missions dans les meilleures conditions», en réponse indirecte aux remarques de l’USFP.
«Après avoir rencontré les partis, il s’est avéré que les élections ont donné des résultats francs. De plus, il y avait des programmes proches entre les trois partis. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas d’autres points de vue communs avec les autres formations surtout ceux avec lesquelles nous avons déjà travaillé», précise-t-il.
Le chef du gouvernement a rappelé que «le choix du citoyen était clair, réclamant une alternative». Rappelant le taux de participation, il a rappelé le résultat historique obtenu lors des élections précédentes, prouvant ainsi que«les Marocains s’intéressent à la politique».
En réponses aux interventions de l’opposition sur le programme gouvernemental, le chef de l’exécutif a expliqué que celui-ci«est le fruit des promesses électorales des trois partis qui ont formé, chacun, une commission». «Il y a eu plusieurs lectures pour arriver à cette présentation gouvernementale. L’organigramme du gouvernement est intervenu après le programme gouvernemental et nous avons veillé à une complémentarité, pour répondre aux problèmes urgents du pays», a-t-il ajouté.
Pour le chef du gouvernement,«le programme vient répondre aux priorités du citoyen. Nous voulons parler aux citoyens et à vous pour définir les priorités. Si nous nous trompons sur ces priorités, nous n’aurons pas seulement un faux départ, mais nous nous tromperons pour cinq ans et le citoyen ne nous le pardonnera pas.»
Insistant sur le fait que«le programme évoque les problématique du citoyen, à savoir l’emploi, l’éducation, la santé, sa relation avec l’administration et la justice sociale», le nouveau chef du gouvernement a assuré que son cabinet «a tenté d’y apporter des réponses». Précisant que le programme renferme«des détails avec des chiffres et des objectifs et nous avons pris la décision d’être honnêtes pour une présentation chiffrée».
«Nous savons que les ressources financières de l’Etat sont limitées. Nous sortons d’une crise qui a laissé un impact, notamment sur les caisses de l’État mais certains affirment qu’une croissance de 4% ne permettra pas de créer 1 million de postes, je leur dis qu’il n’y a pas de relation directe»,a-t-il relevé. «En 2016 par exemple, la croissance a été de 1,1% qui a permis toutefois de créer 36 000 postes. En 2019, elle a été de 2,6% mais 63 000 postes ont été créés. Cela dépend donc du type de financement et d’activités ainsi que la qualité de ce financement», explique-t-il encore.
A. Akhannouch a ajouté que le programme du gouvernement est«social, tout en prenant compte de la crise financière (…) Il prend en compte les 4% de croissance et les autres dépenses fiscales, tout en comptant sur le paiement des taxes et impôts (…) Les Marocains et surtout les entrepreneurs et commerçants doivent comprendre que les gens veulent une alternative, du travail et des actions sociales. L’État a donc besoin de ressources et chacun de nous doit payer ses impôts», lance-t-il. «Nous sommes dans une expérience avec 6% de déficit, mais petit à petit il devra baisser à 3,8% d’ici 2025», devait-il préciser.
Le chef de la majorité a promis que son gouvernement «réalisera ses engagements». «Nous rencontrerons les syndicats dès la fin de la préparation du projet de loi de finances. Il y aura des augmentations de salaires mais on s’attendra à ce qu’il y ait de la qualité en face», annonce-t-il avant d’affirmer, concernant la langue amazighe : «ce n’est pas de la politique mais une question qui nous tient à cœur».
«Nous voulons que le gouvernement travaille dans les meilleures conditions et dès demain avec le PLF 2022. Évidemment, le programme est sur 5 ans et la Constitution parle des grandes orientations du gouvernement», ajoute-t-il.
A la fin de l’intervention, les élus ont procédé au vote de confiance du gouvernement. Ainsi, le nouvel exécutif a obtenu 213 voix pour, 64 voix contre et une seule abstention sur les 359 membres composant la Chambre basse.

Ce que l’opposition en pense
Le jour même, rappelle-t-on, les présidents des groupes de l’opposition se sont succédé en tirant à boulets rouges sur le programme du nouvel exécutif.
Ainsi, Abderrahim Chahid, président du Groupe socialiste (USFP) à la Chambre des représentants a dénoncé des entraves empêchant d’accorder à l’opposition de bénéficier du temps approprié pour formuler ses remarques sur le programme gouvernemental en y voyant un « signe inquiétant». L’élu a dénoncé«les circonstances de la formation du nouveau gouvernement et du bureau de la Chambre». «La majorité s’est accaparée des postes, ce qui rend la surveillance et le contrôle dans les mains de ses élus», critique-t-il.
L’élu a dénoncé des mesures «en contradiction» avec la mise en œuvre de la régionalisation avancée. Revenant au contenu du programme, A.Chahid a estimé que la structure du nouveau gouvernement«n’a pas été à la hauteur des attentes pour le contexte actuel, surtout s’agissant de la mise en œuvre du modèle de développement». «Vous avez opté pour la division des secteurs stratégiques homogènes, ce qui impacte le travail et la bonne gouvernance», accuse-t-il.
«Le gouvernement doit présenter ses priorités pour la mise en œuvre du modèle de développement, car son programme évoque les axes de ce modèle d’un seul coup sans les classifier en termes de priorités et sans définir de mesures ou un délai clairs»,a-t-il relevé. «Les promesses ne seront réalisées qu’à travers des actions réalistes que nous n’avons pas trouvé dans le programme»,a-t-il indiqué en fustigeant «la dominance du capitalisme qui laisse l’économie gérée par la logique du bénéfice et du marché».
«Des mesures proposées par le gouvernement constituent, d’une façon ou d’une autre, une continuité des étapes précédentes. Allons-nous continuer à travailler selon la logique de l’aide sociale au lieu d’instaurer un régime étatique de justice sociale basé sur la protection généralisée comme annoncée par le Roi ?», s’interroge-t-il. Lors de son intervention, le président du groupe socialiste n’a pas oublié le dossier des enseignants contractuels ainsi que le dossier des droits humains avant d’annoncer que l’USFP votera contre le programme gouvernemental.
Driss Sentissi, président du groupe haraki (Mouvement populaire) a annoncé que le parti se positionne dans l’opposition, réduisant le programme gouvernemental à une simple «déclaration d’intention». L’élu fustige l’absence de mesures et de dates de mise en œuvre des promesses fournies par le gouvernement, estimant que le programme, sans fil conducteur,«s’inspire de la précédente expérience gouvernementale sans la mentionner et paraphrase les programmes des partis de la majorité (…) Le programme manque, selon nous, d’identité, d’idéologie encadrantes et d’innovation et se limite à des priorités qui ne sont pas nouvelles (…)»,avant de s’interroger sur le financement pour réaliser certaines promesses.
Évoquant la hausse récente des prix de certaines denrées, le chef du gouvernement a été interpellé par D. Sentissi sur un grand nombre de question, notamment sa politique pour protéger le pouvoir d’achat des Marocains, contrôler l’inflation et le recours à l’endettement.Le président du groupe haraki a estimé que le gouvernement s’engage à employer un million de chômeurs sur cinq ans, ce qui constitue«un nombre faible compte tenu du nombre surprenant des chômeurs au Maroc» et un «chiffre irréel». «De plus, la croissance annoncée par le gouvernement de 4% ne permettra pas de gagner le pari de réduire le chômage», conclut-il.
Rachid Hammouni, président du groupe du Progrès et du socialisme (PPS) a dénoncé des pratiques«portant atteinte à la démocratie» lors des dernières élections, réitérant sa «condamnation de l’usage de l’argent pour l’achat des voix». Revenant au programme gouvernemental, le PPS a félicité l’exécutif pour la traduction des orientations royales et les grands axes du nouveau modèle du développement. Toutefois, nuance-t-il,«on ne peut pas résoudre la problématique urgente de la pénurie des cadres dans la santé à travers un titre» dans le programme gouvernemental.
Pour le secteur de l’Éducation, R. Hammouni insiste pour «redonner sa place à l’école publique» et reproche au gouvernement d’avoir omis d’évoquer le secteur de l’enseignement privé. «Aujourd’hui, certaines écoles exploitent le besoin et la pauvreté de certains parents», critique-t-il. «Il est temps de rompre la logique de réduire les problématiques du monde rural en une question d’agriculture», enchaîne-t-il. Le président du groupe PPS a également pointé l’absence, dans le programme gouvernemental, de plusieurs problématiques, comme la caisse de compensation ou encore les retraites.
Enfin, Abdellah Bouanou, du groupement du PJD, a reproché au nouveau gouvernement d’avoir «omis» la mention des positions constantes du Maroc sur plusieurs questions, dont la question palestinienne et les droits du peuple palestinien. Mettant en doute la mention du«choix démocratique» dans le programme gouvernemental, l’élu du parti de la Lampe a affirmé que les dernières élections ont «entériné un recul démocratique et été marquées par d’anciennes pratiques» que les Marocains ont cru disparaître avec la Constitution de 2011.
L’élu a également critiqué l’achat de voix de citoyens, de médias et d’influenceurs et la formation d’un gouvernement de«technocrates avec des couleurs politiques», tout en soulevant plusieurs interrogations, dont la libération des détenus des mouvements sociaux et des journalistes embastillés.

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