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Kiev s’en prend à Berlin : Et exige plus de la politique russe de l’Allemagne

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L’Allemagne subit sans répit les caprices de Kiev. Les responsables ukrainiens n’ont eu cesse de harceler Berlin, l’accusant de ne pas faire assez contre la Russie. Dimitro Koliba, ministre ukrainien des Affaires étrangères, a accusé, dimanche 1er mai, l’Allemagne d’être le pays de l’UE qui hésite le plus sur les décisions concernant la guerre en Ukraine.

L’une des questions sur laquelle les Ukrainiens insistent est celle de l’armement. Ils voudraient des équipements lourds, et que les allemands les leur fournissent en piochant dans les stocks de l’armée allemande. Alors que la ministre allemande de la Défense avait indiqué que « l’Allemagne a presque épuisé toutes ses capacités pour approvisionner l’Ukraine en équipements de ses réserves militaires », proposant de se les procurer auprès des industries militaires allemandes, quitte à ce que l’Allemagne leur en fournisse le financement. Mais Kiev ne l’a pas entendu de cette oreille et a fini par avoir gain de cause : le 28 avril, le Parlement allemand a voté à la majorité écrasante un projet de résolution approuvant l’approvisionnement de l’Ukraine en armements lourds. Pourtant, le chancelier Olaf Scholz et l’armée allemande étaient à l’origine contre une telle démarche.

Deux jours auparavant le gouvernement allemand avait accepté de lui envoyer des chars antiaériens Guepard, également à contre-cœur d’O. Scholz, qui subit des pressions aussi bien internes qu’externes, celles des Américains se faisant plus fortes que jamais. Le chancelier allemand s’est de nouveau retrouvé sur la sellette, lundi 2 mai, pour défendre les bonnes intentions de son pays dans son engagement à soutenir l’Ukraine. « Sans parvenir à un accord entre la Russie et l’Ukraine, nous ne lèverons pas les sanctions et le président russe Vladimir Poutine se doit de s’entendre avec l’Ukraine… Il ne devrait pas y avoir une paix imposée dans laquelle la Russie impose ses conditions… L’Ukraine doit avoir la possibilité de se défendre et de défendre sa souveraineté et sa liberté… la Russie ne doit pas gagner et l’Ukraine ne doit pas perdre… l’objectif de l’Allemagne et que la Russie stoppe son opération militaire spéciale en Ukraine », a affirmé O. Scholz entre autres, lors d’un débat sur la chaine de télévision CDF. « Nous continuerons à soutenir Kiev, y compris sur le plan militaire, mais il serait vain d’agir avec témérité pour la simple raison que quelqu’un le demande à voix haute », a-t-il néanmoins tempéré.

Or ni l’aide militaire, ni les assurances ne semblent assouvir les demandes des dirigeants ukrainiens qui continuent de demander encore plus. Ils semblent vouloir pousser l’Allemagne à décréter l’embargo total sur les approvisionnements en hydrocarbures russes.

Alors que plusieurs pays de l’UE affichent ouvertement qu’ils ne suivront pas ces sanctions et dix d’entre eux, selon Budapest, sont disposés à payer en roubles le gaz et le pétrole russes, Berlin n’arrive pas à imposer à Kiev ses considérations économiques. Sachant qu’elle dépend de la Russie pour 55% de son gaz, 52% de son charbon et 34% et de ses huiles minérales.

En plus des fournitures d’armements, Berlin a admis une deuxième concession : le renoncement au pétrole russe. Le mois passé, Robert Habeck, ministre de l’Economie s’était vanté que les importations de pétrole russe étaient tombées de 35% à 25% des besoins de son pays. La semaine passée, il a émis l’espoir de trouver le moyen de substituer le pétrole russe par des approvisionnements en provenance de pays tiers. « Le pétrole russe constitue aujourd’hui 12% seulement des approvisionnements de l’Allemagne, et il est entièrement expédié vers une seule raffinerie près de Berlin », a-t-il précisé. Lundi 2 mai, il a déclaré être « parvenu à une solution permettant à l’Allemagne de supporter l’embargo sur le pétrole » qui devrait entrer en vigueur à la fin de cette année.
« Mais ceci ne devrait pas se passer sans séquelles », a-t-il admis.

Le jour même, la Nancy Faeser, ministre allemande de l’Intérieur, a pris soin de préparer les citoyens allemands au pire. Dans une interview avec le DW, elle leur a demandé de stocker des denrées alimentaires et des médicaments pour prévenir des cas d’urgence. L’inflation a atteint des records le mois d’avril dernier, avec une hausse de 7,4%, selon des chiffres provisoires publiés le jeudi 28 avril dernier.

Le ministère de l’Intérieur s’est efforcé d’établir une liste de précautions à laquelle elle a conseillé ses concitoyens de se référer. Elle comprend un colis alimentaire d’urgence destiné à être consommé par une seule personne pendant une période de dix jours : 20 litres d’eau, 3,5 kg de céréales, du pain, des pâtes, du riz, des pommes de terre, 4 kg de légumes et des légumineuses, 2,5 kg de fruits et de noix, 2,6 litres de lait et des produits laitiers.
Le ministère a aussi conseillé aux citoyens de stocker 1,5 kg de viande, du poisson et des œufs, 357 g de beurre et d’huile, ainsi que d’autres produits selon le choix personnel, comme les confiseries.

Force est de constater que la ministre allemande évite d’attribuer ces recommandations à la décision de l’embargo que son pays et l’Union européenne devraient adopter contre la Russie et préfère les imputer à de attaques présumées russes. « Pensez par exemple à des attaques cybernétiques contre les infrastructures vitales du pays … au cas où le courant est coupé pendant longtemps, ou des restrictions sont imposées sur le cours de la vie normale… Il serait sage d’avoir des réserves de denrées alimentaires à la maison », a-t-elle expliqué pour DW.

En revanche, Berlin parait encore attachée au gaz russe. « Si nous n’avons pas de gaz l’hiver prochain, et si la Russie coupe ses vivres en gaz, nous n’aurons pas suffisamment de gaz pour chauffer toutes les maisons et faire fonctionner toutes les industries », a signalé R. Habeck. Prévoyant « des maladies collectives, la pauvreté, l’incapacité des gens à chauffer leurs maisons, et à se procurer du carburant ». « Peu de pays parmi les pays occidentaux dépendent de l’énergie russe comme l’Allemagne », a déploré dans un moment de vérité le ministre de l’Economie.

Les entreprises allemandes continuent de défendre aussi le maintien des importations de gaz russe. « Il est peu probable que l’Allemagne survive aux deux prochains hivers sans être approvisionnée en gaz russe», a déclaré le président de la plus grande compagnie d’Energie allemande EON, léonard Bernebaum, lors d’une interview avec le quotidien allemand VAZ, lundi 2 mai. « Et ceci nuira à notre industrie », a-t-il insisté. Selon lui, sans gaz russe, l’industrie et l’économie allemandes seront sérieusement affectées.
« Nous n’aurons plus de sidérurgie, ni d’industries chimiques… les séquelles seront désastreuses. Je ne saurais que mettre en garde contre l’embargo sur le gaz russe », a-t-il averti.

Sachant que le gaz russe est acheminé en Allemagne en passant par l’Ukraine, qui en tire nécessairement profit, Berlin pourrait miser en l’occurrence sur une indulgence des dirigeants de Kiev. Ce sont désormais eux qui détiennent le dernier mot, jusqu’à preuve du contraire.

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