#Libération_Palestine

Logo Perspectives med
Previous slide
Next slide

La tension reste vive en Tunisie : Les magistrats en grève

Previous slide
Next slide
En Tunisie, la voie de la transition parait bien sinueuse et difficile. Le « coup de force » réalisé par Kais Saïed continue à faire des remous. La dernière mesure présidentielle, celle qui a touché les magistrats, plonge le pays dans l’incertitude.

Après le limogeage de 57 d’entre eux par le président qui a parlé de corruption et d’atteinte au bon fonctionnement de la justice, les magistrats sont entrés en grève. Cette action doit durer une semaine.

Au tribunal de première instance de Tunis, seul le travail administratif fonctionne, la plupart des salles d’audience sont vides et les magistrats grévistes se sont réunis dans un bureau pour exprimer leur colère, rapporte-t-on. Hamadi Rahmani qui fait partie des 57 juges limogés s’interroge sur les raisons d’une telle hargne présidentielle. « Celui qui veut réformer la justice ne doit pas s’en prendre aux indépendants et ceux qui militent pour l’indépendance du secteur judiciaire. Au lieu de ça le président limoge mais il y a aussi des campagnes de harcèlement à l’égard de certains juges via des post anonymes publiés sur les réseaux sociaux », dénonce-t-il.

Une magistrate limogée pour outrage aux mœurs s’est vue accusée d’adultère via des documents médicaux et personnels publiés à son insu ce week-end. Elle a dû se défendre publiquement. Le climat est jugé par Aïcha Belhassen, vice-présidente de l’Association des magistrats tunisiens, humiliant pour le secteur judiciaire. « C’est une crise sans précédent en Tunisie et cette crise ne peut pas continuer comme ça parce que les magistrats sont solidaires et ils ont dit non à ces décisions de révocation sans aucun recours, sans aucune garantie », relève-t-elle.

Pour Aya Riahi, conseillère juridique pour l’ONG tunisienne I Watch, association qui lutte contre la corruption, c’est la transparence qui est exigée de la présidence tunisienne. « Les raisons derrière leur révocation ne sont pas claires […] On a demandé pour la énième fois de publier les dossiers des magistrats accusés de corruption, ils ont refusé […] Cette ambiguïté divise les Tunisiens […] Le manque de transparence créé cette polémique […] Ce qui est alarmant, c’est que la décision a été prise unilatéralement par le président. C’est pas un projet de réforme, c’est plutôt une destruction des pouvoirs en Tunisie », s’insurge-t-elle.

Réagissant à chaud à ce mouvement, K. Saïed a convoqué la ministre de la Justice pour suspendre les salaires des juges grévistes. Une manifestation des magistrats et de la société civile est prévue mercredi 8 juin. Une épreuve de plus pour le chef de l’Etat qui entend mener, au forceps, les réformes telles qu’il les entrevoit pour la nouvelle Tunisie, celle de la « Troisième république », dit-on.

Recommandé pour vous