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La Tunisie à la croisée des chemins : L’aura du Président Kaïs Saïed prend un coup

Près de huit semaines d’attente dans laquelle se morfondent les Tunisiens en attendant une hypothétique feuille de route de Kaïs Saïed, pour une réponse lapidaire du Président. Ce n’est que mercredi soir que le chef de l’Etat tunisien a affranchi son peuple de ce qu’il compte faire. Ce qui lui a valu une bronca…

Un Parlement gelé, une immunité des députés, privés de salaires, qui saute, le maître de Carthage a décidé de se substituer à l’Assemblée, puisqu’il légiférera désormais par décrets pour une durée indéterminée.
Ce nouveau train de mesures confirme ce que les observateurs craignaient, à savoir que pays s’achemine progressivement vers un régime présidentiel. Certains utilisent même le qualificatif de « présidentialiste ». Les annonces du président suscitent également l’inquiétude de juristes, mais aussi de membres de la société civile tunisienne.
Côté politique, le parti islamiste Ennahdha, jusqu’ici première force de l’Assemblée, a réagi par la voix de son président Rached Ghannouchi et a annoncé son refus de ces mesures présidentielles qui équivalent selon lui à un abandon de la Constitution de 2014. Mais il n’est pas le seul à avoir appelé à résister « pacifiquement » au coup de force du Président. Fait notable, la volte-face concerne aussi des personnalités politiques qui soutenaient jusqu’ici la présidence dans ses décisions. C’est le cas notamment de Mohamed Abbou, fondateur du parti dit du courant démocrate. Cet ancien ministre figure de la lutte anti-corruption parle désormais lui aussi d’accaparement des pouvoirs par K. Saïed. Quatre partis de la gauche et du centre se sont aussi fédérés pour exprimer leur rejet des mesures présidentielles et soutenir que K. Saïed a, selon eux, perdu toute légitimité.
Le président peut encore compter sur le parti dit du peuple, soutien de la première heure du chef de l’État. Ses cadres disent préférer la concentration des pouvoirs aux mains de Carthage qu’une assemblée avec Ennahdha, le parti islamiste, comme première force.
Le chef du Parlement tunisien et du parti d’inspiration islamiste Ennahdha a accordé un entretien à l’Agence France-Presse. Une déclaration qui survient alors que le président K. Saïed a considérablement renforcé ses pouvoirs. « C’est un retour en arrière. Un retour à la Constitution de 1959. Le retour vers le pouvoir absolu d’un seul homme contre lequel la révolution a eu lieu », estime R. Ghannouchi. Qui précise que « la seule option aujourd’hui est la lutte, naturellement la lutte pacifique, car nous sommes un mouvement civil ».

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