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Le jeu trouble de la Turquie en Syrie : Les bravades de R.T. Erdogan sans effet ?

Alors que la Turquie compte ses morts en Irak, huit soldats ayant perdu la vie en l’espace de quelques jours, Recep Tayyip Erdogan, président turc, a prévenu que son pays n'attendra pas la «permission» des Etats-Unis pour lancer une nouvelle offensive en Syrie. En attendant, la Russie qui a renforcé sa présence militaire à Qamichli a aussi mené des opérations aériennes conjointes avec l’armée syrienne.

Ned Price, porte-parole du département d’Etat américain, a indiqué il y a près d’une semaine que l’administration Biden était «profondément préoccupé» par l’annonce  par R. T. Erdogan du lancement prochain d’une nouvelle opération militaire turque dans le nord de la Syrie visant à assurer à Ankara une «zone de sécurité» large de 30 kilomètres à sa frontière. «Nous condamnons toute escalade. Nous soutenons le maintien des lignes de cessez-le-feu actuelles», avait souligné N. Price.

Depuis 2016, Ankara a mené trois offensives dans le nord de la Syrie contre les Unités de protection du peuple (YPG), milice kurde qu’elle considère comme terroriste mais qui a été soutenue par les Etats-Unis notamment pour contrer les djihadistes de Daech.

Interrogé par ailleurs sur le processus d’adhésion à l’OTAN de la Suède et de la Finlande, à laquelle Ankara s’oppose jusqu’ici, le président turc a jugé que les discussions le 25 mai à Ankara entre les délégations suédoise, finlandaise et turque n’avaient pas été «à la mesure des attentes» de la Turquie.  Le président turc a de nouveau accusé les deux pays nordiques de «soutenir le terrorisme», estimant que la Suède n’est ni «sincère» ni «honnête». La Turquie accuse les deux pays, en particulier la Suède qui compte une communauté importante d’exilés turcs, d’abriter des militants kurdes du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, considéré organisation terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux. Elle dénonce aussi la présence sur leurs sols de partisans du prédicateur Fethullah Gülen accusé d’avoir orchestré la tentative de coup d’Etat de juillet 2016.

Sur ces entre-faits, des renforts militaires russes ont été déployés dans le nord-est de la Syrie, notamment des avions de combat et des hélicoptères, ont rapporté des sources de la chaine satellitaire libanaise al-Mayadeen.

Ces sources ont rapporté que « les forces russes présentes à l’aéroport de Qamichli, dans le nord de la Syrie, ont apporté de nouveaux renforts militaires à leur base à l’aéroport, dont des chasseurs et des hélicoptères qui ont été déployés à l’aéroport de Qamichli ».

Elles ont souligné que « ces renforts militaires sont arrivés dans le cadre d’un plan russe visant à renforcer la présence militaire dans le nord-est de la Syrie ».

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, a affirmé jeudi 26 mai, que « Moscou continuera à soutenir les dirigeants syriens dans le rétablissement complet de l’intégrité territoriale du pays ».

Ces renforts interviennent après que le président turc a annoncé il y a quelques jours que l’armée turque « a l’intention de mener des opérations militaires pour combattre le terrorisme aux frontières de l’État turc », notant que « la décision sur ces opérations sera exécutée prochainement ».

Le gouvernement syrien a protesté contre la décision turque d’établir une zone de sécurité à l’intérieur du territoire syrien. Dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et au Conseil de sécurité de l’ONU, le ministère syrien des Affaires étrangères a souligné que « cette mesure est une forme d’agression contre son pays ». « Les déclarations faites par le chef de l’Etat turc (…) révèlent les jeux agressifs de ce régime contre la Syrie et l’unité de sa terre et de son peuple », a indiqué un communiqué du ministère syrien des Affaires étrangères. « Le gouvernement syrien rejette ces plans et demande aux Etats (…) qui sont impliqués dans le financement de ces projets criminels d’arrêter de soutenir le régime turc immédiatement », ajoute le communiqué. « La création de ces zones ne sert pas du tout à protéger les régions frontalières entre la Syrie et la Turquie, mais à coloniser et mettre en place un poste pour exécuter des plans terroristes contre le peuple syrien », poursuit la diplomatie syrienne.

Dans ce contexte, des sources syriennes sur le terrain ont rapporté pour al-Mayadeen que « les forces russes, accompagnées de l’armée syrienne, ont effectué des patrouilles dans les villes d’Aamouda et d’al-Darbasiyah et leur campagne, au nord de Hassaké, avec des hélicoptères transportant plusieurs vols tout au long de la bande frontalière avec la Turquie. » « Les hélicoptères ont survolé Aïn al-Arab, Manbij, Qamichli, Aamouda, Hassaké et Aïn Issa, tandis que des avions de guerre effectuait deux raids contre des terres agricoles sous le contrôle de la Turquie dans la campagne de Tal Abiad, au nord de Raqqa », ont précisé les sources.

Par ailleurs, deux rassemblements populaires ont eu lieu samedi dans la ville d’Alep et sa banlieue pour rejeter la présence des forces turques et des réseaux terroristes et condamner le plan du président turc. Selon l’agence syrienne officielle Sana, les manifestants qui ont afflué sur la place de Saadallah al-Jabiri dans la ville d’Alep et à Tal Rifaat dans la banlieue nord, ont hissé les drapeaux nationaux et des pancartes, réclamant de le retrait immédiat des forces turques des territoires syriens. Les participants ont insisté sur l’intégrité territoriale de la Syrie et la souveraineté de l’État sur tous les territoires syriens affirmant qu’ils se tiennent aux côtés de l’armée arabe syrienne jusqu’à la lib6ration de tous les territoires syriens du terrorisme.

Selon la correspondante de SANA, les participants ont fait savoir que les habitants d’Alep font face à l’ennemi turc et ses mercenaires et dénoncent les pratiques de la milice kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenue par les forces d’occupation US, et rejettent toute forme d’ingérence étrangère dans les affaires syriennes.

Plusieurs milliers de maisons en parpaing et des infrastructures nécessaires à l’accueil des réfugiés syriens ont été inaugurées le 3 mai dans la région de Sarmada en présence de Süleyman Soylu, ministre turc de l’Intérieur. Il a indiqué qu’au moins 100.000 logements seraient prêts d’ici la fin de l’année.

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