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Le Nord, l’Intérieur et le kif: Des chiffres qui font planer.

Le ministère de l’Intérieur, a dévoilé, mardi aux membres de la commission de l’Intérieur de la Chambre des représentants, réunis à huis clos, le contenu de l’étude de faisabilité sur le développement du cannabis au Maroc. Ladite commission a organisé une journée d’information concernant «les études d’opportunité réalisées par le ministère de l’intérieur sur le développement national du cannabis à des fins médicales, cosmétiques et industrielles».

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Cette journée fait suite au démarrage de l’examen en commission par les députés des dispositions du projet de loi N°13.21 relatif aux usages licites du cannabis. Le ministère de l’Intérieur a rappelé les propriétés et composante de cette plante tout en soulignant potentiel économique porteur et prometteur.
L’étude d’opportunité (une quarantaine de pages en tout) évalue le nombre d’habitants qui s’adonnent à la culture illégale du cannabis, à environ 400.000 personnes, soit près de 60.000 familles. Elle a révélé que la superficie plantée a considérablement diminué depuis 2003, passant d’environ 130 000 hectares au début des années 2000 à moins de 50 000 hectares ces dernières années. Les études ont aussi montré que selon le dernier recensement agricole national de 2016, les parcelles de moins d’un hectare représentent environ 80% du nombre total de parcelles exploitées, et la superficie moyenne par famille s’élève à 1,25 hectare.
Une grande disparité du niveau de revenu est ainsi relevée, le tout en fonction de la qualité du sol, du rendement de la plante et l’abondance des ressources en eau. Les rentrées d’argent peuvent aller de 16 000 à 75.000 Dh par an et par hectare pour les terres irriguées et fertiles. Ces sommes sont en baisse depuis plusieurs années, notamment à cause de la dépénalisation médicale et récréative du cannabis en cours en Europe, nouveau paradigme qui menace l’activité illégale.
Globalement, le revenu annuel total est passé d’environ 500 millions d’euros au début de la dernière décennie à environ 325 millions d’euros maintenant, contre un nombre final de transactions en Europe qui est passé d’environ 12 milliards d’euros à environ 10,8 milliards d’euros.
Le Maroc mise énormément sur l’Europe où, il est prévu que le marché du cannabis thérapeutique passe de 563,7 millions d’euros à 58 milliards d’euros en 2028. Le taux de croissance annuel du marché du cannabis médical est de 30%, sur le plan mondial et de 60% au niveau européen.
L’étude dévoilée par l’Intérieur a indiqué que les marchés prioritaires pour le cannabis médicinal marocain sont l’Espagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Allemagne, avec des projections de 25 milliards de dollars par an en 2028. Si les marchés français et italien intègrent le périmètre de la dépénalisation, cela augmenterait les prévisions de 17 milliards de dollars de plus pour atteindre 42 milliards de dollars.
Sur la base des données de 2018, le marché mondial du cannabis légal est estimé à 13,8 Mrds de dollars et devrait être porté à 233 Mrds de dollars selon les prévisions de 2028. Le marché mondial du cannabis thérapeutique quant à lui s’élève à 8,1 Mrds de dollars (2018) et pourrait atteindre 114,2 Mrds de dollars en 2028.
Concernant la part de la production marocaine sur les marchés européens, le ministère de l’Intérieur a présenté deux options concernant les objectifs d’exportations marocaines de chanvre à usage légal en Europe à l’horizon 2028. La première représente 10% du marché ciblé du cannabis médicinal (42 milliards de dollars), ce qui équivaut à 4,2 milliards de dollars et représente un revenu agricole annuel d’environ 420 millions de dollars. La seconde représente 15% et équivaut à 6,3 milliards de dollars et représente un revenu agricole annuel d’environ 630 millions de dollars. Le ministère de l’Intérieur a estimé que ces revenus attendus dépasseront les revenus agricoles totaux actuels (environ 400 millions de dollars par an).
L’étude a confirmé que l’agriculteur traditionnel est exploité par les réseaux de contrebande, de sorte qu’il ne prend que 3% du chiffre d’affaires final, contre environ 12% réalisé par un agriculteur sur le marché légal.
Le document a également précisé que la culture du cannabis conduit actuellement à une exploitation excessive des terres agricoles, en raison de l’abandon de la rotation agricole, l’épuisement des eaux souterraines sachant que cette région reçoit également la plus grande quantité de pluie au niveau national, ainsi que l’utilisation excessive d’engrais qui polluent les eaux souterraines et accélèrent le taux d’érosion.
La culture du cannabis conduit également à la déforestation, avec un millier d’hectares par an détruits. Les experts estiment que 40% du couvert forestier de la région du nord a été perdu entre les années 1960 et 1980. Ces dommages se sont encore aggravés après l’introduction de variétés hybrides de la plante avec une productivité élevée et une plus grande teneur en THC.

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