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Le Nord syrien brûle toujours : Moscou tente de circonscrire le feu turc

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A l’heure où des efforts sont déployés aussi bien côté américain que côté russe pour empêcher Ankara de déclencher une campagne terrestre dans le nord syrien, force est de souligner que les combats se poursuivent. En effet, avec un appui aérien et d’artillerie fort de la part de l’armée turque, des factions pro-Ankara attaquent les positions des FDS qui ripostent. Sur ces entre-faits, le Président turc a laissé prévoir une normalisation avec Damas, après son récent tête-à-tête avec le Président égyptien, une première à mettre à l’actif de Doha.
Moscou tente de circonscrire le feu turc

Un émissaire russe de haut rang s’est rendu dans le nord syrien pour y rencontrer les représentants kurdes et évaluer les moyens susceptibles de stopper l’élan militaire turc dans la région. Le général russe qui commande le corps expéditionnaire déployé par Moscou en Syrie a proposé aux forces kurdes de permettre le déploiement de l’armée syrienne dans la région où elles se trouvent et ce sur une profondeur de 30 km. Il ‘s’agit d’une ancienne offre russe qui avait été déclinée auparavant.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a lancé depuis dimanche une série de raids aériens sur le nord-est de la Syrie et des positions de combattants kurdes a réaffirmé vendredi son objectif d’établir une « ceinture de sécurité d’Ouest en Est » le long de la frontière sud. Une telle zone engloberait de facto la ville emblématique de Kobane, reprise en 2015 par les Forces démocratiques syriennes (FDS, kurdes) aux jihadistes de Daech avec le soutien des Etats-Unis. « Avec la ceinture de sécurité que nous sommes en train de créer au-delà de nos frontières, nous défendrons les droits de millions de femmes et d’enfants innocents », a martelé R.T. Erdogan lors d’un discours à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’encontre des femmes.

« Si Dieu le permet, nous compléterons cette (zone) le long de toute notre frontière d’Ouest en Est dès que possible », a-t-il insisté. La région de la Kobané est la dernière à échapper au contrôle de l’armée turque déployée depuis 2019 le long de la frontière en territoire syrien. Ankara a affirmé que l’attentat qui a fait six morts et 81 blessés au cœur d’Istanbul le 13 novembre avait été commandité depuis Kobané, ce que les Kurdes ont démenti. Mais depuis six jours les bombardements aériens et les tirs d’artillerie se sont concentrés sur les zones où les autorités turques affirment viser des positions du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et de ses alliés des Unités de protection du peuple (YPG), composante dominante des FDS. Tous ont nié leur implication. Le président turc, qui compte déclencher « le moment venu » une offensive terrestre, a désigné les localités syriennes de « Tal Rifaat, Manbij, Aïn al-Arab [Kobané en kurde, NDLR] », afin de compléter sa zone de sécurité de 30 km de large le long de la frontière méridionale.

La situation a dramatiquement changé avec les raids incessants et le pilonnage systématique des positions kurdes, comme syriennes, réalisés par l’armée turque depuis une semaine. Ce qui laisse une chance aux tentatives russes de voir l’armée syrienne se déployer dans la zone, en prélude à une éventuelle résurrection de l’accord d’Adana syro-turc qu’Ankara a mis sous le boisseau depuis son implication directe dans le dossier syrien.  Les Américains qui soutiennent les FDS, comme les YPD, opposent à Ankara le danger Daech qui risque de ressurgir dans la région. Un argument qui, pour l’heure, ne semble pas résonner comme espéré dans les couloirs de décision d’Ankara.

Quoi qu’il en soit, dans la nuit de vendredi à samedi, 4 roquettes sont tombées à proximité de la base américaine de Masaken Haqel Al-Jibsah à Al-Shaddadi, au sud de Hassaké en Syrie ont rapporté des sources de la chaine satellitaire libanaise Al-Mayadeen. Les sources ont indiqué que « plusieurs explosions ont retenti à proximité de la base américaine », indiquant « un état d’alerte à l’intérieur de la base de la coalition à Al-Shaddadi, accompagnée d’un survol intensif des hélicoptères de la zone ciblée ».

Il y a quelques jours, les forces de la coalition internationale, dirigées par les États-Unis, ont déclaré qu’ «une attaque au missile visait la base de Green Village dans le nord-est de la Syrie », affirmant « qu’il n’y avait pas eu de victimes ni de pertes matérielles ». Les médias locaux ont rapporté que « les missiles sont tombés sur la base adjacente au champ pétrolier d’Al-Omar à Deir Ezzor ».

Le 22 octobre, des sources ont déclaré à Al-Mayadeen qu’un drone non identifié avait visé le quartier général de la base américaine dans le champ d’Al-Omar avec un certain nombre de missiles, alors que les drones survolaient la région, indiquant que « les forces américaines sur le terrain ont répondu en bombardant les forêts agricoles » à la périphérie.

Dimanche, dans la ville de Qamishli, des milliers de Kurdes se sont rassemblés pour manifester contre les bombardements turcs qui frappent la région depuis plus d’une semaine.  La veille, déjà, des familles de victimes s’étaient rassemblées devant la toute proche base militaire russe, accusant le pays de laisser faire l’agression turque. Plus de 1 000 obus ont été tirés et 60 raids aériens ont été menés, selon les Forces démocratiques syriennes (FDS). Depuis le 20 novembre, environ 65 personnes (35 combattants des FDS et leurs alliés, 28 soldats syriens, ainsi qu’un journaliste travaillant pour une agence de presse kurde) ont été tuées, selon l’OSDH.

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