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L’effet Pegasus : L’onde de choc s’élargit, les dénonciations aussi

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La responsable onusienne a estimé que«les révélations concernant l’utilisation apparemment généralisée du logiciel Pegasus pour espionner les journalistes, les défenseurs des droits humains, les politiciens et d’autres dans divers pays sont extrêmement alarmantes». «Elles semblent confirmer certaines des pires craintes concernant l’utilisation abusive potentielle de la technologie de surveillance pour illégalement porter atteinte aux droits humains des personnes», dénonce-t-elle.
Rappelant que«diverses parties du système des droits de l’Homme des Nations unies, y compris [son] propre bureau, ont exprimé à plusieurs reprises de sérieuses inquiétudes concernant les dangers» de la cyber surveillance, M. Bachelet a noté que «l’utilisation de logiciels de surveillance a été liée à des arrestations, des intimidations et même des meurtres de journalistes et de défenseurs des droits humains». «Les rapports de surveillance ont également pour effet néfaste de pousser les gens à se censurer par peur. Les journalistes et les défenseurs des droits humains jouent un rôle indispensable dans nos sociétés, et lorsqu’ils sont réduits au silence, nous souffrons tous», dénonce-t-elle.
Elle a lancé un appel sans équivoque à la communauté des nations. «Je voudrais rappeler à tous les États que les mesures de surveillance ne peuvent être justifiées que dans des circonstances étroitement définies, avec un objectif légitime. Et ils doivent être à la fois nécessaires et proportionnés à cet objectif (…) Si les récentes allégations sur l’utilisation de Pegasus sont même en partie vraies, alors cette ligne rouge a été franchie encore et encore en toute impunité»
Pour la responsable onusienne,«les entreprises impliquées dans le développement et la distribution de technologies de surveillance ont la responsabilité d’éviter de porter atteinte aux droits humains». «En plus de mettre immédiatement fin à leur propre rôle dans les violations des droits humains, les États ont le devoir de protéger les individus contre les abus du droit à la vie privée par les entreprises», insiste-t-elle en appelant à «mieux réglementer la vente, le transfert et l’utilisation de la technologie de surveillance» et à «cesser l’utilisation des technologies de surveillance d’une manière qui viole les droits humains».
L’Europe outrée
L’affaire Pegasus a provoqué un choc politique en Europe. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne a estimé que des vérifications étaient nécessaires mais qu’en cas de véracité, cette affaire«est complètement inacceptable». «La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne», a-t-elle ajouté en marge de son déplacement à Prague où elle présentait un plan de 7 milliards d’euros pour aider la République Tchèque à affronter la crise sanitaire.
En France, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a qualifié le même jour au micro de France Info les révélations de «faits extrêmement choquants», ajoutant que «s’ils sont avérés, sont extrêmement graves».
A l’instar de la présidente de la Commission européenne, il a également défendu la liberté de presse : «Nous sommes extrêmement attachés à la liberté de la presse, donc c’est très grave d’avoir des manipulations, des techniques qui visent à nuire à la liberté des journalistes, leur liberté d’enquêter, d’informer.»
Toujours selon G. Attal, la France compte lancer des investigations : «Il va y avoir évidemment des enquêtes, des éclaircissements qui vont être demandés»,a-t-il ainsi poursuivi sans en préciser toutefois les modalités, se contentant de déclarer que le gouvernement français «ne regardait pas ce sujet à la légère». Il s’est toutefois satisfait de la reconnaissance de la non-participation de la France à cette vaste entreprise d’espionnage tout en se félicitant de l’éthique des services français.«Nos techniques de renseignement en France sont évidemment autorisées par la loi, elles sont respectueuses des libertés individuelles et notamment de la liberté de la presse», a-t-il spécifié.
Pegasus aurait espionné «des journalistes, des avocats, des militants et des responsables politiques de nombreux pays, dont la France» selon les révélations d’un consortium de 17 médias et que le journal Le Monde a relayé le 18 juillet. Une fois introduit dans un smartphone, le logiciel permet d’en récupérer les messages, photos, contacts et même d’écouter les appels de son propriétaire.
Les personnes ou entités ciblées auraient été choisies «individuellement, par des gouvernements et des services de renseignement». Ce logiciel a été créé par une société israélienne, NSO group, et plusieurs Etats en seraient clients. Le Monde épingle notamment le Maroc, la Hongrie, l’Azerbaïdjan, le Togo, le Rwanda, Bahreïn, le Mexique, ou encore l’Inde.
Par ailleurs, ce serait bel et bien le ministère israélien de la Défense qui validerait la liste des clients de NSO. Or, Israël serait informé que «la plupart des clients achètent Pegasus spécifiquement pour se livrer à une surveillance de leurs oppositions politiques et de leur population [entre autres]». Il y aurait ainsi quelques 50 000 numéros de téléphone sélectionnés par les clients de NSO depuis 2016 pour une surveillance potentielle. Ce qui concernerait, selon les révélations, 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits de l’Homme ou encore 65 chefs d’entreprise.
Le Monde précise par exemple que le polémiste Eric Zemmour et le journaliste EdwyPlenel auraient tous deux fait l’objet de tentatives d’espionnage via ce logiciel, réussie dans le cas du second. Mediapart a par ailleurs annoncé le 19 juillet déposer plainte contre le Maroc qui, selon le site d’investigation, aurait espionné E.Plenel ainsi que la journaliste Lenaïg Bredoux. Rabat a dénoncé ces accusations comme «mensongères», alors que le groupe NSO «nie fermement les fausses accusations portées». Le ministre des Affaires étrangères de Hongrie Peter Szijjarto a lui aussi balayé les accusations portées contre son pays.

Amazon réagit
Après les récentes révélations de Forbidden Stories, le groupe NSO est désavoué par le géant Amazon qui ferme ses sites internet et comptes hébergés par Amazon Web Services (AWS), révèle Vice.
Le groupe israélien de sécurité informatique aurait développé des virus informatiques utilisés par des gouvernements pour mettre en place des systèmes d’espionnages ciblés, services dont au moins un employé du groupe NSO aurait abusé à des fins personnelles.
AWS a déclaré«quand on a su quelle était l’activité du groupe, nous avons rapidement fermé les infrastructures et comptes concernés». L’utilisation des serveurs Amazon aurait été révélée par Amnesty International dans un rapport publié dimanche, la société aurait été contactée avant la publication dudit rapport, allégations confirmées par Citizen Lab.
L’utilisation d’Amazon Cloud Front auraient permis à NSO «de se protéger de techniques de scannage internet»et d’opérer relativement inaperçu en infectant les téléphones ciblés et transmettant les données.

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