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Législatives en France : Inconfortable destin pour la « macronie »

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Le camp d’Emmanuel Macron a obtenu 245 sièges à l’issue des élections législatives dimanche, en dessous de la majorité absolue (289), suivie de la Nupes avec 135 sièges et du RN qui fait une percée historique en comptant 89 sièges, selon un décompte complet de l’AFP. Le locataire de l’Elysée se trouve non seulement sans « solide majorité », mais aussi et surtout face au risque de ne pas pouvoir la créer.

Elisabeth Borne, Première ministre française, a mis en garde dimanche soir contre le «risque» pour la France à l’issue des élections législatives où le président Emmanuel Macron a perdu sa majorité absolue à l’Assemblée nationale. Cette «situation inédite constitue un risque pour notre pays», a affirmé la cheffe de gouvernement lors d’une déclaration télévisée, tout en annonçant vouloir travailler «dès demain à construire une majorité d’action, il n’y a pas d’alternative». E. Borne a souligné que les «sensibilités multiples devront être associées et les bons compromis bâtis afin d’agir au service de la France».

En n’obtenant dimanche soir qu’une petite majorité relative des sièges à l’Assemblée nationale (210 à 260 sièges selon les instituts de sondage), la macronie est confrontée à un scénario catastrophe. Elle se retrouve contrainte de rechercher en permanence des alliances lors de la législature qui s’ouvre.

Loin de la majorité absolue (289 sièges) que certains proches d’E. Macron espéraient toujours obtenir ces derniers jours, La République en marche et ses alliés MoDem et Horizons ont enregistré une contre-performance inédite: la plus petite majorité de la Ve République, si faible qu’elle ouvre des questionnements institutionnels.

Comment, avec environ 220 députés, E. Macron peut-il espérer faire voter les réformes de son programme présidentiel ? La lame de fond a même failli emporter sa première ministre, mal élue dans le Calvados avec 52,46% des suffrages seulement. Est-elle sur la sellette? Personne, dans la majorité, n’imaginait son départ avant dimanche soir, tant la symbolique d’une cheffe du gouvernement débarquée à peine un mois après sa nomination semblait désastreuse auprès de l’opinion.

Le gouvernement est déjà promis à un remaniement: certains de ses membres, candidats malheureux dimanche, sont démissionnaires d’office selon une règle tacite imposée par l’Élysée, à l’image de la ministre de la Santé Brigitte Bourguignon et de la secrétaire d’État chargée de la Mer, Justine Bénin, toutes deux battues. Le président sortant de l’Assemblée, Richard Ferrand, est aussi battu, tout comme Christophe Castaner, le président sortant du groupe LREM ou l’ancienne ministre Bérangère Abba. L’enjeu est de pouvoir mettre en place une équipe gouvernementale susceptible de remporter le vote de confiance devant la nouvelle Assemblée.

Les seuls élus divers gauche, divers centre et divers droite, même avec l’appui de parlementaires UDI, ne pourraient permettre d’atteindre le seuil des 289, laissant entrevoir une négociation à venir avec Les Républicains, qui se rêvent faiseurs de roi. A moins que la coalition de gauche (Nupes) n’explose prématurément, qui pourrait conduire des élus du Parti socialiste à participer à une nouvelle majorité – un scénario toutefois jugé fort improbable en l’état.

Si la claque est sévère pour la macronie, elle était redoutée par nombre de ses lieutenants, qui avaient mis en garde contre une campagne jugée défensive, sans éléments de programme identifiables, si ce n’est l’impopulaire réforme des retraites.

En retardant la nomination du gouvernement à la mi-mai, trois semaines après sa réélection, E. Macron avait pris le risque de laisser un espace considérable à Jean-Luc Mélenchon, candidat auto-proclamé à Matignon, et dont la dynamique de campagne n’a cessé de croître jusqu’au jour du scrutin. Si les plus optimistes de la macronie pariaient sur un sursaut emmené par le président de la République, notamment entre les deux-tours, le déplacement d’E. Macron en Ukraine n’a pas eu l’effet escompté.

La fin de campagne, électrisée par les invectives et une dramatisation du scrutin, marquée par le cafouillage des consignes de vote lors des duels RN/Nupes, renvoyés dos-à-dos par certains pontes de la macronie, a achevé de créer le trouble au sein de la majorité, autant que chez un électorat qui s’est illustré dimanche par un très fort taux d’abstention.

La nouvelle Assemblée nationale s’annonce difficilement gérable, avec un cartel des gauches et le Rassemblement national qui, à eux deux, pourraient représenter la moitié de l’Hémicycle. Et donc voter une motion de censure qui obligerait à la démission du gouvernement. Loin de la majorité relative de Michel Rocard de 1988 (275 députés), qui était parvenue à faire voter ses textes grâce à l’appoint de députés centristes ou ultra-marins, quitte à recourir à l’article 49.3, la nouvelle majorité étriquée de la macronie devra rivaliser d’ingéniosité et de conviction pour espérer faire voter ses textes.

À défaut, il reste à E. Macron une dernière arme, hautement risquée: la dissolution de l’Assemblée nationale, prérogative que lui garantit l’article 12 de la Constitution.

 

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