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Les conflits sous la loupe de l’OMS : La politique de « deux-poids, deux mesures » dénoncée

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Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur de l’OMS, a regretté que tous les conflits n’attirent pas autant l’attention que l'Ukraine, en citant l'Afghanistan, le Yémen, la Syrie, ainsi que le Tigré, dont il est originaire.

«[Le monde] ne prête pas le même degré d’attention aux vies des noirs et à celles des blancs», a affirmé récemment  Tedros Adhanom Ghebreyesus, DG de l’OMS,  regrettant une focalisation exclusive de l’attention et de l’effort humanitaire sur l’Ukraine, au 50ème jour de l’offensive russe.

«Toute l’attention portée à l’Ukraine est très importante bien sûr parce que cela a un impact sur le monde entier, mais pas même une fraction [de cette attention] n’est donnée au Tigré [région éthiopienne en proie à un blocus], au Yémen, à l’Afghanistan, à la Syrie», s’est ému le patron de l’institution onusienne lors d’une conférence de presse.

«Il me faut être direct et honnête, le monde ne traite pas la race humaine de la même façon. Certains sont plus égaux que d’autres», a lancé Dr. Tedros, paraphrasant une formule de l’écrivain George Orwell dans La Ferme des animaux. «C’est très difficile à accepter mais c’est ce qui arrive», a-t-il insisté, visiblement peiné, espérant que «le monde reviendra à la raison et traitera toute vie humaine de la même façon».

Le directeur de l’OMS a longuement évoqué la situation dans sa région natale du Tigré et le conflit opposant le Front de libération du peuple du Tigré aux forces gouvernementales éthiopiennes. Il a dit sa crainte que la trêve humanitaire décrétée le 24 mars par le gouvernement d’Addis Abeba pour laisser accéder de l’aide humanitaire au Tigré jusque-là coupé de tout, ne «soit qu’une manœuvre diplomatique»
Là où 2 000 camions d’aide de première nécessité auraient déjà dû arriver dans la région, «il n’y en a eu que 20 au total, ce qui représente 1% des besoins», a dénoncé le patron de l’OMS, estimant à 100 camions d’aide humanitaire par jour les besoins de la région.

«Concrètement, le siège entre forces éthiopiennes et érythréennes se poursuit», selon Dr Tedros, qui met en garde que sans un accès totalement libre de l’aide des centaines de milliers de personnes risquent encore de mourir. Le conflit, qui a débuté en novembre 2020 et s’est un temps propagé au-delà du Tigré, a fait des milliers de morts, plongé dans la faim des millions de personnes, tandis que les deux camps ont été accusés d’atrocités. «Ce qui arrive en Ethiopie est tragique, les gens sont brûlés vifs à cause de leur ethnie, rien d’autre, et je ne suis pas sûr que cela ait été pris au sérieux par les médias», a remarqué le directeur général, ajoutant : «Il nous faut un équilibre. Nous devons prendre chaque vie au sérieux parce que chaque vie est précieuse.»

Avec près de 380 000 morts estimés, des millions de déplacés et une grande partie de la population au bord de la famine, la guerre au Yémen — où l’Arabie saoudite est à la tête d’une coalition contre les rebelles chiites houthis — a quant à elle provoqué l’un des pires drames humanitaires au monde selon l’ONU. En Afghanistan, où la situation est critique après deux décennies de présence américaine, les Nations unies ont indiqué en janvier que plus de 20 millions de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire urgente. En Syrie enfin, où l’armée russe est intervenue en soutien au président Bachar el-Assad, confronté à une insurrection de groupes islamistes soutenue par l’Occident, l’ONU a estimé en février qu’environ 15 millions de personnes dépendaient de l’aide humanitaire, alertant sur l’insécurité alimentaire frappant le pays. «Le monde laisse tomber le peuple syrien», a déploré Joyce Msuya, sous-secrétaire générale aux affaires humanitaires et coordonnatrice adjointe des secours d’urgence.

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