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Moscou met en garde les capitales occidentales qui appuient Kiev : Mercenaires US et britanniques dans le chaudron ukrainien

Selon le porte-parole de la Défense russe, l'armée a détruit plusieurs bâtiments d'une usine militaire dans la capitale ukrainienne. Moscou avait annoncé accroître ses frappes sur des installations à Kiev, en réponse à des attaques sur son sol. Une note diplomatique du Kremlin a été aussi adressée à Washington, ainsi qu’à d’autres capitales atlantiques, mettant en garde contre des livraisons d’armes pour l’Ukraine.

Après avoir donné son feu vert pour une nouvelle aide militaire à l’Ukraine d’une valeur d’un milliard de dollars, avec des équipements plus lourds que ceux livrés jusqu’à présent, notamment des systèmes d’artillerie, Moscou a réagi en adressant une mise en garde à Washington. La note parvenue à Washington a aussi été transmise à d’autres pays de l’Alliance atlantique qui soutiennent, militairement, Kiev, dont l’Allemagne qui serait disposée à appuyer l’Ukraine en lui livrant une aide militaire d’un milliard d’euros.

Pour rappel, Moscou avait déjà annoncé disposer des moyens susceptibles de déjouer les prétentions atlantistes en Ukraine en menaçant de frapper là où seraient stockées les armes livrées à Kiev. Autant dire que la note adressée par Moscou aux capitales otaniques par voies diplomatiques équivaut à une mise en garde sans équivoque.

Sur ces entre-faits, le général Igor Konachenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense a affirmé samedi que « des armes aéroportées de haute précision et à longue portée ont détruit les bâtiments de production d’une usine de blindés à Kiev et un atelier de réparation d’équipements militaires à Nikolaïev». Vitali Klitschko, maire de Kiev, a de son côté reconnu que «dans la matinée [du 16 avril], Kiev a été bombardée». «Des explosions ont retenti dans le district de Darnytsky à la périphérie de la ville. Les sauveteurs et les médecins travaillent actuellement sur place», a ajouté l’édile, tout en précisant ne pas avoir à ce stade d’informations sur les victimes potentielles.

La veille, I.Konachenkov avait annoncé que «le nombre et l’ampleur des frappes de missiles contre les installations de Kiev» augmenteraient, en réponse à de récentes attaques menées sur le sol russe, attribuées par Moscou à l’armée ukrainienne malgré le démenti de Kiev. Le porte-parole de la défense russe avait par ailleurs affirmé que l’armée de son pays avait détruit un atelier de production de missiles sol-air dans l’usine Vizar, située près de la capitale ukrainienne, au moyen d’un missile de croisière Kalibr. Ces déclarations semblent présager un nouveau changement dans l’approche de la Russie qui avait annoncé fin mars qu’elle allait se concentrer sur l’est de l’Ukraine et avait retiré ses forces menant l’assaut contre la capitale ukrainienne.

Jeudi, les gouverneurs de deux régions russes frontalières de l’Ukraine avaient accusé les forces ukrainiennes d’avoir bombardé deux villages en territoire russe, Klimovo et Spodariouchino, faisant sept blessés. A Klimovo, l’attaque a été menée par deux hélicoptères ukrainiens, ont affirmé les autorités russes. Vendredi, I. Konachenkov a néanmoins affirmé qu’un des hélicoptères ayant mené ce raid avait été détruit par un missile tiré par le système de défense anti-aérienne S-400, alors qu’il retournait à sa base en Ukraine.

Par ailleurs, le porte-parole russe a affirmé que l’artillerie de Moscou avait tué des « mercenaires polonais » dans le nord-est de l’Ukraine, ce qui risque de renforcer les tensions déjà vives entre Moscou et Varsovie. « Un détachement de mercenaires d’une compagnie militaire privée polonaise (…) a été liquidé dans le village d’Izioumske, dans la région de Kharkiv. Jusqu’à 30 mercenaires polonais ont été éliminés », a affirmé I. Konachenkov.

En outre, un mercenaire britannique opérant comme sniper aux côtés de l’armée ukrainienne, a été capturé par les Russes dans la ville de Marioupol, au sud-est de l’Ukraine, a déclaré l’armée russe sur sa chaine Telegram. La télévision publique russe a également diffusé jeudi 14 avril au soir des images montrant un jeune homme menotté et présentant une coupure au front, affirmant qu’il s’agit d’Aiden Aslin.

Sa mère Ang Wood a confirmé au Telegraph, qui a consacré plusieurs articles au sniper britannique de 28 ans, y compris avant le début de l’intervention russe en Ukraine, qu’il s’agissait bien de son fils, qui porte notamment un tatouage caractéristique. «Aiden est un membre actif des forces armées ukrainiennes et donc un prisonnier de guerre» qui «doit être traité avec humanité», a-t-elle déclaré au journal. « Il est temps pour le gouvernement britannique de s’impliquer pour assurer la libération d’Aiden», a-t-elle ajouté. Sollicité par l’AFP vendredi, le ministère britannique des Affaires étrangères n’a pas donné suite dans l’immédiat.

Selon un message partagé après consultation avec sa famille sur les réseaux sociaux animés par des proches, qui espèrent un échange de prisonniers, le mercenaire britannique expliquait mardi qu’après 48 jours, «nous n’avons pas eu d’autre choix que de nous rendre aux forces russes». «Nous n’avons aucune nourriture et aucune munition… », ajoutait-il. Selon le Telegraph, A. Aslin, connu sous le prénom de Johnny, avait également combattu aux côtés des Kurdes du YPG (pro-US) en Syrie. Il avait 21 ans à l’époque.

Toujours à Marioupol, l’armée russe a fait état, jeudi, de la mort du premier militaire américain dans le Donetstk. Selon l’armée russe, Joseph Wared Clark, participait aux combats aux côtés du groupe néonazi ukrainien Azov.

Choix cornélien

L’agence Bloomberg a affirmé, dans un article, que « l’extension de l’arsenal démocratique  américain pourrait entraîner des défaites fatales pour les forces ukrainiennes voire dévoiler les faiblesses des États-Unis ».

L’agence a estimé que « les options dont disposaient les Etats-Unis, dans le cadre de leur stratégie « arsenal de la démocratie » pour soutenir le gouvernement ukrainien, s’épuisent, alors que le conflit entre dans sa phase décisive ».

L’agence a expliqué, dans l’article d’opinion publié jeudi, que « la stratégie de « l’arsenal de la démocratie » est similaire au soutien apporté par les États-Unis à la Grande-Bretagne en 1940 et 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale », notant que « via cette stratégie ,  Washington évite de s’immiscer directement dans le conflit et  travaille avec ses alliés et partenaires pour fournir au gouvernement de Kiev de l’argent et des armes ».

L’ « arsenal de la démocratie » fait référence aux « efforts collectifs de l’administration US pour soutenir les Alliés, qui avaient tendance à concentrer leurs efforts dans les centres industriels existants aux États-Unis, tels que Chicago, Cleveland, Detroit, New York, Philadelphie, Pittsburgh et ailleurs ».

L’agence a prévenu que « l’épuisement de l’arsenal de la démocratie américaine au moment où les forces russes s’apprêtent à consolider leur contrôle sur l’est de l’Ukraine, pourrait apporter aux forces ukrainiennes une défaite fatale, et mettre à nu les faiblesses aux États-Unis qui pourraient devenir évidentes dans tout futur conflit entre les grandes puissances ». Notant que « les exportations d’armes, y compris les drones, les missiles anti-blindés et air-air, les munitions et autres capacités militaires, dépassent en importance tous les autres types de soutien que Kiev reçoit de Washington et de ses alliés ».

L’article a rapporté que « le commandant des chefs d’état-major interarmées de l’armée américaine, le général Mark Milley, avait informé le Congrès que l’Occident avait livré à Kiev 60 000 systèmes antichars et 25 000 systèmes antiaériens, et que le Pentagone travaille actuellement pour fournir plus d’artillerie, de drones et d’autres armes et équipements militaires à l’Ukraine, tandis que la Maison Blanche a annoncé l’attribution d’un nouveau programme d’aide militaire d’une valeur de 800 millions de dollars à Kiev ».

L’agence a noté que le président américain Joe Biden « ne s’était pas préparé à une telle guerre », notant que « les premières évaluations américaines étaient que la Russie contrôlerait rapidement la majeure partie de l’Ukraine, Washington soutenant une résistance limitée et de faible intensité ». Au lieu de cela, la résistance ukrainienne a provoqué le déclenchement d’une confrontation conventionnelle très intense et continue, sans compter la consommation conséquente de munitions en quantités énormes et l’épuisement des ressources militaires majeures à un rythme accéléré. Des responsables du Pentagone confirment que « Kiev utilise en une journée l’approvisionnement d’une semaine en munitions antichars et souffre d’une pénurie d’avions de guerre à la suite des frappes russes, ainsi que de munitions et d’équipements militaires, dans la ville de Marioupl et d’autres zones de combat. »

L’article conclut que « cette situation oblige les pays occidentaux à choisir entre intensifier leur aide militaire à Kiev et maintenir les capacités dont ils pourraient avoir besoin pour se défendre ». Et de souligner au passage que « les Etats-Unis, notamment, avaient cédé à Kiev un tiers de ses réserves de missiles Javelin », et « il leur est difficile de poursuivre ces approvisionnements sans compromettre ses capacités de défense, alors que l’augmentation du volume de production nécessitera des mois, voire des années. »

L’agence a averti que « Kiev aura besoin de beaucoup plus de soutien de l’Occident pour affronter les forces que la Russie rassemble dans l’est de l’Ukraine, d’autant plus que le terrain dégagé de cette région limite la capacité des forces ukrainiennes à défendre leurs positions ».

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