N. Sarkozy est le deuxième ex-chef de l’Etat à être sanctionné par la justice, après son ancien mentor Jacques Chirac, condamné en décembre 2011 à deux ans de prison dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris. Le tribunal correctionnel a estimé qu’un «pacte de corruption» avait été conclu entre l’ancien président aujourd’hui âgé de 66 ans, Me Thierry Herzog et l’ancien haut magistrat Gilbert Azibert, également condamnés à trois ans de prison dont un ferme. L’avocat historique de l’ex-président a en outre écopé de 5 ans d’interdiction professionnelle.
N. Sarkozy, qui a toujours affirmé n’avoir jamais commis «le moindre acte de corruption», a écouté le prononcé de sa peine debout face au tribunal, semblant impassible. L’ancien président et ses avocats n’ont fait aucune déclaration à la sortie de la salle. L’ancien président, qui a été «garant de l’indépendance de la justice, s’est servi de son statut d’ancien président pour gratifier un magistrat ayant servi son intérêt personnel», a déclaré la présidente de la 32e chambre correctionnelle de Paris, Christine Mée, estimant que le «pacte de corruption» était bien constitué.
Le tribunal est resté en-deçà des réquisitions du parquet national financier (PNF), qui avait demandé les mêmes peines de quatre ans d’emprisonnement dont deux ferme à l’encontre des trois prévenus. Le patron de ce parquet financier, Jean-François Bohnert, était présent en personne pour le jugement. Cette première condamnation pour N. Sarkozy intervient alors qu’il doit faire face à nouveau à des juges, dès le 17 mars, au procès de l’affaire «Bygmalion», portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012. Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire dans son parti, un an avant le prochain scrutin présidentiel, N. Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007. C’est dans le cadre de cette dernière affaire qu’il avait été placé sur écoute en 2013.
Les juges découvrirent alors que N. Sarkozy utilisait une ligne téléphonique secrète, ouverte sous l’alias de «Paul Bismuth», pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog. Les juges ont estimé que l’ex-président s’était rendu coupable de corruption, en promettant d’appuyer la candidature de G. Azibert pour un poste de prestige à Monaco, en échange d’informations privilégiées, voire d’une influence sur un pourvoi en cassation qu’il a formé. L’ancien locataire de l’Elysée voulait alors faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l’affaire Bettencourt. G. Azibert, avocat général dans une chambre civile, n’intervenait pas directement dans ce dossier mais il a selon le tribunal joué de ses relations.
Lors du procès qui s’est achevé le 10 décembre, la défense s’était insurgée contre un dossier basé sur des «fantasmes» et des «hypothèses» et avait plaidé à l’unisson la relaxe des prévenus. Elle avait fait valoir qu’in fine, N. Sarkozy n’a pas eu gain de cause devant la haute juridiction et que G. Azibert n’a jamais eu de poste à Monaco. Selon la loi, il n’est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l’influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d’influence.