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Pas d’énigme en Algérie : Le Sahara sert de baromètre à l’algérophilie

Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, a publié un livre intitulé «L’Enigme algérienne. Chroniques d’une ambassade à Alger». Il y assure que le système algérien n’hésitait pas à sanctionner les responsables français jugés pro-marocains. L’affaire du Sahara servant de baromètre de « l’amitié » franco-algérienne.

L’auteur de « L’Enigme algérienne » est considéré comme le diplomate français ayant passé le plus de temps en poste chez le voisin de l’Est, de 2008 à 2012 et ensuite de 2017 à 2020. Dans son livre, X. Driencourt revient sur les relations souvent conflictuelles entre la France et l’Algérie. Le poids de la colonisation, l’immigration et le Maroc constituent les points majeurs des divergences entre les deux parties.

X. Driencourt raconte que l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia avait pointé, en juin 2010, lors d’une rencontre avec Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, et Jean-David Levitte, conseiller diplomatique, «l’attitude française jugée pro-marocaine». Le pouvoir algérien n’hésite pas à «sanctionner» les responsables français ayant des positions proches du Maroc sur ce dossier. En témoigne le refus du président Abdelaziz Bouteflika de recevoir Rachida Dati, parce qu’elle a osé exprimer, à l’occasion d’une conférence à l’université d’Alger, des «propos qui n’étaient pas complètement en phase avec la doxa officielle sur le Sahara occidental (…) Elle attendit toute la journée à la résidence que le président algérien voulût bien la recevoir. Rien ne vint, aucun appel téléphonique de la présidence pour caler un rendez-vous et elle repartit plutôt mécontente, d’autant plus qu’on ne lui épargna pas la fouille de ses affaires avant d’embarquer le soir dans l’avion».

L’ancien diplomate révèle aussi que la question du Sahara était inscrite sur la liste des critères permettant de classer les invités français de l’Algérie «dans telle ou telle catégorie d’ »amis » et de leur réserver le traitement protocolaire approprié».

Le soutien français au Maroc a irrité aussi le président A. Bouteflika. L’ancien chef d’Etat a tenu à transmettre directement à l’ambassadeur ses critiques à la vielle de son départ d’Alger en 2012. «Il regrettait qu’entre le Maroc et l’Algérie, la France eût ces dernières années toujours pris position en faveur du Maroc, qui pourtant n’avait été qu’un simple protectorat, alors que l’Algérie avait été, cent trente-deux années durant, un département français», rapporte l’ambassadeur.

Des reproches qu’un autre ambassadeur français à Alger, Bernard Bajolet (2006 à 2008) avait écrit dans son livre «Le soleil ne se lève plus à l’Est, mémoires d’Orient d’un ambassadeur peu diplomate», publié en 2018. Dès leur première réunion, A. Bouteflika a joué l’attaque. «On nous a parlé de relations privilégiées avec l’Algérie, se plaignit Bouteflika. Mais en réalité, les privilèges ont été réservés au Maroc et à la Tunisie. L’Algérie, elle, n’a rien vu. Le ton était donné. La France a toujours soutenu la position marocaine depuis l’époque du président Giscard d’Estaing. Sachez qu’il n’y aura pas de lune de miel avec le Maroc, pas de Maghreb arabe tant qu’une solution équitable ne sera pas trouvée» à ce problème, écrivait B. Bajolet

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