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Planète : L’accord de Montréal patine

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La Conférence de l'ONU sur la biodiversité s'est ouverte, mercredi 7 décembre, au Canada. Objectif, tenter d'établir en moins de deux semaines une feuille de route pour sauver les espèces et les milieux naturels d'une destruction irréversible.
L’accord de Montréal patine

Les participants cherchent à rééditer « le succès » de l’accord historique de Paris sur le climat, sauf que l’accord concerne, pour le cas d’espèce, la biodiversité. Après deux ans de report, les négociateurs de près de 190 pays sont au travail depuis jeudi et jusqu’au 19 décembre à Montréal. Avec un objectif : adopter un « cadre mondial décennal » assez ambitieux pour mettre un terme d’ici 2030 à la destruction de la nature et de ses ressources, indispensable à la survie de l’humanité et à la lutte contre le réchauffement climatique.

« Cette réunion est notre chance de passer de la discorde à l’harmonie, d’arrêter cette orgie de destruction et de conclure un pacte de paix avec la nature », a déclaré Huang Runqiu, ministre chinois de l’Écologie et de l’Environnement, président de la COP15. « Le monde a les yeux tournés vers nous, attend nos travaux et nous devons avancer ensemble », a-t-il ajouté, alors que les négociations patinent depuis trois ans et font craindre un échec retentissant.

En 2019, l’IPBES, l’équivalent du GIEC mais pour la biodiversité, avait rendu un rapport qui avait enclenché une prise de conscience mondiale de l’effondrement du vivant et de la nécessité pour nos sociétés et économies d’y remédier. Les scientifiques signalaient alors cinq causes principales de perte de biodiversité sur Terre, toutes d’origine humaine.

 Le facteur temps est impérieux : un million d’espèces sont menacées d’extinction, un tiers des terres sont gravement dégradées et les sols fertiles disparaissent, alors que la pollution et le changement climatique accélèrent la dégradation des océans. « L’humanité est devenue une arme d’extinction massive », a tonné le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, à cause de « notre appétit sans limites pour une croissance économique incontrôlée et inégale». Cette COP15, sœur jumelle, dans l’ombre, des COP sur le climat, est une des dernières chances de « stopper notre guerre contre la nature », a-t-il déclaré.

Avec ce sommet, il s’agit de concrétiser un accord sur une vingtaine d’objectifs, dont le principal vise à protéger 30% des terres et des mers. D’autres prévoient la restauration des milieux naturels, la réduction des pesticides, la lutte contre les espèces invasives ou les conditions d’une pêche et d’une agriculture durables.

L’Union européenne plaide, au même titre que d’autres pays, pour un objectif de 30% des terres et des mers protégées d’ici 2030. Mais d’autres États, notamment les grands exportateurs agricoles comme le Brésil, l’Argentine ou l’Indonésie, font de la résistance. Les pays africains, eux, auront sans doute un rôle de pivot, estime Sébastien Treyer,  directeur de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri). « C’est-à-dire des pays qui comprennent très bien que protéger la biodiversité, c’est aussi protéger la résilience, le modèle agricole, explique-t-il.

Trois jours de discussions préalables ont eu lieu du 3 au 5 décembre mais elles se sont conclues sans avancée significative – seulement cinq objectifs approuvés – alimentant une inquiétude de plus en plus vive chez les observateurs. Les travaux ont repris lentement mardi. Freinés immédiatement par une passe d’armes entre Occidentaux et Russie accusée d’« écocide » après la découverte de milliers de dauphins morts échoués en mer Noire, théâtre de la guerre.

Le sommet se déroule sans l’appui des leaders mondiaux, pourtant venus en nombre à la COP climat de Charm-el-Cheikh en novembre. Ce sont donc les ministres de l’Environnement qui seront chargés, à partir du 15 décembre, de faire aboutir les négociations.

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