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Présides occupés : De quelle coprospérité parle Madrid ?

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Entre Rabet et Madrid, les nuages s’amoncellent et n’augurent pas d’une amélioration dans les relations maroc-espagnoles à cout terme. L’armada déployée au large des cotes marocaines et l’offre de « prospérité partagée » témoignent de l’incertitude dans laquelle se trouve la relation entre les deux pays voisins. Tout est bloqué à cause du passif colonial dont Madrid n’arrive toujours pas à assumer.

« La carotte et le bâton « , telle est malheureusement la logique qui préside aux perspectives de coopération entre Madrid et Rabat, en froid depuis quelques mois déjà. Ainsi, après avoir poussé les pions de la force militaire aux confins des Présides occupés dans le nord du Royaume, on ressuscite, côté madrilène, un vieux projet de « prospérité partagée » devant desserrer l’étau qui s’est resserré sur
L’essor des deux villes réclamées par le Maroc. Lesquelles villes ont depuis toujours tiré profit des circuits de la contrebande qui s’opère au détriment de l’essor de la région nord du Royaume.
Ainsi, jeudi 16 décembre, les grandes lignes de l’étude lancée par Madrid pour sauver l’avenir de ses dernières colonies en Afrique du Nord, ont été présentées par Alfredo Gonzalez, secrétaire d’Etat à la Politique Territoriale, qui effectue une tournée à Sebta et Melilla. Selon des médias ibériques, le responsable espagnol a proposé à ses interlocuteurs locaux de mettre en place «une zone de prospérité partagée avec le Maroc».
En attendant de dévoiler l’agenda espagnol pour les Présides occupés en juin 2022, A. Gonzalez a promis des investissements publics et des centaines de millions d’euros à injecter dans les économies des deux présides. D’ici-là, Madrid attend des élus locaux leurs observations.
L’idée de «zone de prospérité partagée avec le Maroc» est loin d’être nouvelle puisqu’elle a été révélée, en janvier dernier par Arancha Gonzalez Laya, ancienne ministre des Affaires étrangères, devant la Commission mixte de la Chambre des représentants et du Sénat chargée des relations avec l’Union européenne. Evoquant le modèle d’accord sur l’avenir de Gibraltar, conclu fin décembre 2020 entre l’Espagne et le Royaume-Uni, après l’officialisation du Brexit, l’ancienne ministre avait précisé que «comme la prospérité de la rive européenne nécessite cet entrelacement entre Gibraltar et El Campo (de Gibraltar comprenant Algerisas et Tarifa) sur des fondations saines, la prospérité de la rive africaine sera un mirage si une vision similaire n’est pas promue entre Ceuta et Melilla et les régions marocaines voisines». Il faut rappeler, à ce sujet, que l’establishment espagnol n’est pas amnésique puisqu’il sait que Rabat avait, du temps de Hassan II, subordonné la question de la rétrocession des Présides et des iles qui s’y rattachent au Maroc, aux négociations hispano-britanniques sur le Rocher.
Sauf que la perspective ainsi dessinée par la diplomatie espagnole n’est pas pour plaire à de nombreux milieux chatouilleux à l’idée de voir les deux villes tomber tels des fruits mûrs dans le panier du Maroc, à l’image de ce qui s’est passé avec Hong Kong et Macao. Si l’accord sur le Rocher a fait tomber les frontières entre la colonie britannique et les villes andalouses, pareil scenario ne semble guère plaire aux héritiers du franquisme qui se braquent dès lors qu’une quelconque décision qui ménagerait les intérêts de « Los Moros » semble sur le point d’être prise par Madrid. «Par sa proposition, la cheffe de la diplomatie a laissé planer une grande incertitude quant à la souveraineté de l’Espagne sur les villes de Ceuta et Melilla», écrivait alors El Faro de Melilla.
Encore faut-il relever que la création d’une zone économique bénéficiant à la fois à l’Espagne et au Maroc, soumis à l’examen de la partie marocaine, c’était en 2014 déjà, contribue à placer au second plan la question de la souveraineté politique et militaire sur Sebta et Melilla, les avantages économiques servant « la politique de la carotte ».
L’offre présentée par A. Gonzalez ne devrait pas susciter d’élan auprès des décideurs marocains sauf si le processus de décolonisation lui est clairement subodoré, la bonne foi de Madrid devant s’exprimer par la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Comme elle ne rencontrerait pas d’enthousiasme auprès des acteurs des présides, notamment parmi ceux qui défendent l’arrimage à l’économie de l’Union européenne ou encore ceux qui, à Melilla, seraient tentés par le commerce avec l’Algérie plus qu’avec le Maroc.

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