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Résolutions de la COP26 de Glasgow : Le Patron de l’ONU se déclare déçu

L’accord contre le réchauffement climatique dégagé samedi 13 novembre, à Glasgow, après deux semaines de négociations, est encore loin de pouvoir assurer de le contenir à 1,5 degré. Antonio Guterres, patron des Nations unies, a exprimé sa déception.

La COP26 a adopté le 13 novembre un «pacte de Glasgow» destiné à accélérer la lutte contre le réchauffement climatique, mais sans assurer de le contenir à 1,5 degré Celsius ni répondre aux demandes d’aide des pays pauvres.
L’adoption définitive du texte est intervenue à l’issue de deux semaines de négociations éprouvantes, d’un coup de marteau du président britannique de la Conférence mondiale sur le climat et après des changements de dernière minute introduits par la Chine et l’Inde sur la question des énergies fossiles.
Néanmoins, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU a averti que «la catastrophe climatique frappe toujours à la porte» et que cette COP26 avait débouché sur «des pas en avant bienvenus, mais ce n’est pas assez». Plus, il a ajouté que l’accord était un «compromis» plein de «contradictions».
Listant les objectifs «que nous n’avons pas atteints lors de cette conférence», il évoque notamment «la fin des subventions aux énergies fossiles, la sortie du charbon, mettre un prix sur le carbone» et l’aide financière aux pays les plus pauvres. Le texte appelle en effet les Etats membres à relever leurs engagements de réductions plus régulièrement que prévu dans l’accord de Paris dès 2022. Mais avec la possibilité d’aménagements pour «circonstances nationales particulières», un point qui a suscité les critiques des ONG sur les ambitions réelles du texte.
La version finale suggère en outre d’«intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans système de capture [de CO2] et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles». Une idée qui se fera sans pression coercitive.
Echaudés par la promesse toujours non tenue des plus riches de porter à partir de 2020 leur aide climat au Sud à 100 milliards de dollars par an, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts, demandaient un financement spécifique des «pertes et préjudices» qu’ils subissent déjà. Mais les pays développés, au premier rang desquels les Etats-Unis, qui redoutent de possibles conséquences juridiques, s’y sont fermement opposés. Et à contrecœur, les pays pauvres ont cédé, acceptant une poursuite du dialogue afin ne pas perdre les avancées sur la lutte contre le réchauffement, dont les effets les menacent déjà directement. Tout en se disant «extrêmement déçus».
Les ONG dressent aussi un bilan très critique de ce somment, à cause notamment de l’échec à accorder un financement additionnel sur les pertes et dommages subis par les pays déjà touchés par des catastrophes liées au dérèglement climatique. « La COP 26 a été une COP des pays du Nord qui reflète les priorités des pays riches », tranche le Réseau action climat. Tandis que Care France évoque un « dialogue de sourds entre pays pollueurs et pays vulnérables ». Pour Greenpeace France et son porte-parole Clément Sénéchal, le résultat de cette COP26 est très « insuffisant si ce n’est un fiasco ».
Malgré ce revirement impulsé par l’Inde certains veulent toutefois rester optimistes quant à la portée symbolique du texte. « Je ne pense pas que changer un mot change le signal, et le signal que nous avons eu lors de cette conférence est clair : le charbon est en train d’être abandonné, a affirmé Jennifer Morgan, la directrice de Greenpeace. C’est la combinaison de deux choses : d’abord, le fait qu’il soit mentionné pour la première fois aussi clairement dans un texte de l’ONU – même si nous aurions voulu que le vocabulaire soit plus fort – et puis l’engagement la semaine dernière de nouveaux pays qui ont décidé d’abandonner le charbon, comme le Vietnam et l’Ukraine, et celui de vingt pays d’arrêter de financer les énergies fossiles ».
Pour Boris Johnson à la tête du pays hôte de la COP26, « l’accord signé est un grand pas en avant, même s’il y a encore énormément à faire dans les années qui viennent ».
Quoiqu’il en soit, cette COP n’aura définitivement pas été celle des pays pauvres et des petits pays menacés au premier plan par le changement climatique. Jusqu’au bout, leurs revendications n’auront pas été entendues.
« Bien sûr, je suis extrêmement déçu. Si l’on écoute la science, la seule solution, c’est d’arrêter le charbon, il faut être franc, a réagi Per Bolund, le ministre suédois du Climat et de l’Environnement. Ce texte n’aurait pas dû être changé. Mais d’un autre côté, nous savons qu’il y a des pays, en tous cas c’est comme cela qu’ils le voient, qui sont dépendants du charbon. Et nous avons des pays qui veulent continuer à chercher du pétrole. Pour que nous ayions un accord, il faut qu’ils acceptent le texte. Donc forcément ils ont du poids ».

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