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Tests Covid-19 : Concentration et surcoûts en temps de pandémie

Le ministère de la Santé avait été mis à l’index en septembre dernier par le Conseil de la concurrence dans le chapitre des tests Covid-19 et de ses «dysfonctionnements». Une récente étude dévoilée par l’institution revient à la charge en passant au crible ledit marché en affinant son analyse du fonctionnement concurrentiel dudit marché. La Santé en prend pour son grade !

Dans ses conclusions, l’étude reconnaît que le secteur privé au Maroc a «joué un rôle crucial dans la réponse à cette crise sanitaire imposée par la pandémie, face à une augmentation de la demande pour les prestations de diagnostic plaçant le système national de santé sous pression». Mais déplore le fait que «l’accès du secteur privé de la santé [ait] été entravé par un ensemble de contraintes ayant conduit à la cherté des coûts afférents à la prestation de diagnostic de cette infection».

En plus de «l’absence d’une industrie nationale à grande échelle des réactifs et des équipements nécessaires au diagnostic», l’étude pointe le «cadre législatif actuel» et notamment «l’absence d’une procédure réglementaire claire pour les nouveaux réactifs produits localement».

Pour ce qui est du marché d’importations des réactifs de tests Covid-19, la structure demeure «relativement concentrée au niveau d’un nombre limité des opérateurs dont le leader est la société « MASTERLAB »» qui, précise le rapport, «s’est accaparée d’une part prépondérante passant de 25% en 2020 à 39% en 2021 par rapport aux tests à base de PCR».

Quant aux tests antigéniques et sérologiques, l’étude fait cas de la société «IM ALLIANCE» qui a enregistré une part de marché passant de 73% en 2020 à 86% à fin octobre 2021, soit une évolution de 4%. Le marché des instruments et équipements de diagnostic est aussi marqué par une forte concentration où un noyau restreint de 13 sociétés totalise une part de marché de près de 55% en 2020 et de 53% à fin octobre 2021.

Le document évoque les «différences notables au niveau régional en terme de nombre de laboratoires autorisés et le nombre de tests effectués», reconnaissant que «la prestation des tests COVID-19 dans le secteur privé, reste un marché concentré au niveau de quatre régions, à raison de 82% de l’ensemble des laboratoires privés autorisés».

Quant aux «marges bénéficiaires importantes » malgré la fixation par l’Etat des prix des tests Covid-19, l’étude a montré également que les laboratoires privés «continuent de réaliser des marges bénéficiaires confortables en dépit de la fixation des prix par l’Etat». Des marges qui varient «en fonction de la taille du laboratoire, le nombre de tests réalisés et le choix d’investissement adopté pour chaque laboratoire».

L’étude du Conseil de la concurrence recommande notamment d’«atténuer la dépendance du marché national des chaînes d’approvisionnement mondiales en matière de réactifs de diagnostic du Covid-19». Et l’étude d’ajouter que «le Conseil estime qu’il est important de faciliter l’insertion des produits marocains dans le marché national et assurer la distribution de produits essentiels, notamment les réactifs de diagnostic, afin de pouvoir répondre convenablement et avec célérité à l’émergence de nouvelles menaces liées à des nouveaux variants avec des ressources locales». Plus, elle suggère aussi de «définir un cadre législatif de référence pour la mise sur le marché des réactifs 100% marocains», de «favoriser d’avantage l’innovation dans l’industrie de tests de diagnostic», d’«encourager la consommation des réactifs fabriqués localement» et de «soutenir l’amont du marché des tests de dépistage du Covid-19».

D’un point de vue concurrentiel, il est également recommandé d’«adapter la procédure d’approbation des réactifs et des dispositifs médicaux en lien avec le diagnostic du Covid-19 à la situation d’urgence sanitaire», de «rendre public la liste des réactifs autorisés pour la mise sur le marché national» et de «mettre à jour et opérationnaliser la plateforme de soumission des demandes d’enregistrement».

Le Conseil de la concurrence recommande également d’«accélérer la mise en place de l’Agence nationale du médicament et dispositifs médicaux», de «réexaminer les barrières légales et réglementaires dont certaines demeurent inappropriées» et de «sécuriser l’approvisionnement des laboratoires privés d’analyses de biologie médicale».

La balle est renvoyée dans le centre de l’action de l’Exécutif. A charge pour le département de Khalid Aït Taleb de faire preuve de réactivité en révisant l’architecture actuelle du marché du médicament de sorte que l’offre ne saigne pas à blanc les citoyens… Une affaire de « volonté politique », en somme !

 

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