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Tuée d’une balle de M16 à Jénine : Le martyre de S. Abou Aklah fait face au déni israélien

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Une enquête préliminaire menée par l’armée d’occupation israélienne a révélé que Shireen Abou Akleh se trouvait au moment de son assassinat dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, à environ 150 mètres des forces israéliennes, ont rapporté les médias israéliens.

L’enquête menée par le commandement central de l’armée a prétendu « qu’il n’est toujours pas clair si la journaliste palestinienne a été tuée par des tirs israéliens ou par des hommes armés palestiniens, au moment où elle couvrait l’opération militaire à Jénine mercredi », a indiqué le journal israélien Haaretz.

« Les soldats de l’unité Dovdivan (une unité spéciale de l’armée israélienne) ont tiré des dizaines de balles lors de l’opération à Jénine, mais on ne sait pas encore si ce sont des tirs israéliens ou palestiniens qui ont tué la journaliste d’AlJazeera », a poursuivi le journal. Haaretz a ajouté que la balle qui avait pénétré dans la tête de S. Abou Akleh était d’un diamètre de 5,56 mm et avait été tirée à partir d’un fusil M16.

L’unité Dovdivan est spécialisée dans la réalisation des tâches militaires spéciales pour l’armée d’occupation. Les éléments de cette unité travaillent au sein des agglomérations palestiniennes. Raison pour laquelle ils doivent avoir des traits orientaux pour qu’ils n’éveillent pas les soupçons à leur égard lorsqu’ils se déguisent pour accomplir les tâches qui leur sont assignées. L’unité Dovdivan a souvent recours à des experts de maquillage et de déguisement qui travaillent 24 heures sur 24 avec les éléments de cette formation, fondée par Ehud Barak en 1987.

La plupart des assassinats, ayant ciblé les cadres de l’Intifada palestinienne, ont été perpétrés par des éléments de l’unité Dovdivan. Les éléments de cette unité procèdent également à des enlèvements de Palestiniens recherchés par les services de sécurité sionistes.

Le ministère palestinien de la Santé a annoncé, mercredi matin, « le martyre de la journaliste Shireen Abu Akleh, qui a été visée à la tête par des tirs israéliens, au moment où elle couvrait la prise d’assaut israélienne de la ville de Jénine. »

La chaine AlJazeera et l’Autorité palestinienne ont accusé Israël d’avoir délibérément tué S. Abu Akleh. Palestinienne chrétienne âgée de 51 ans et ayant aussi la nationalité américaine, la journaliste portait une veste pare-balles siglée « presse » et un casque de reportage alors qu’elle couvrait l’invasion de Jénine.

L’annonce de son décès a suscité une vive émotion dans les Territoires palestiniens, dans le monde arabe où ses reportages ont été suivis pendant plus de deux décennies, en Europe et aux Etats-Unis.

Jeudi en fin de matinée, une cérémonie officielle a été organisée à Ramallah en Cisjordanie, au siège de l’Autorité palestinienne, en présence du président Mahmoud Abbas et de représentants de la presse, avant ses funérailles vendredi dans une église d’AlQuds, où elle avait grandi. A titre posthume, la martyre a été décorée de la médaille Al-Qods.

Washington et Paris timorés

La France et les Etats-Unis ne se prononcent pas pour l’heure sur la responsabilité de l’Etat sioniste dans la mort par balle de la journaliste, malgré les témoignages et les accusations d’al-Jazeera dans ce sens. Le décès, le 11 mai, de la journaliste d’al-Jazeera– un meurtre «de sang froid» dont Tsahal est responsable, selon la chaîne – a déclenché une vague de protestations et de condamnations à travers le monde, mais certaines réactions diplomatiques, dont celles de Washington et de Paris, ont été pour le moins prudentes.

Ned Price, porte-parole du département d’Etat, qui a «fermement condamné» le meurtre de la journaliste, a appelé sur Twitter à une enquête «immédiate et minutieuse», afin d’identifier les coupables, qui devront «rendre des comptes». Prié de dire qui devait mener cette enquête, il s’est borné devant la presse à «saluer» l’annonce de l’ouverture d’une enquête par l’armée israélienne, assurant que l’Etat hébreu avait «les moyens et les capacités de mener des investigations minutieuses et exhaustives».

N. Price a par ailleurs refusé de se prononcer sur l’origine des tirs. «Nous allons attendre de voir dans quelle direction va l’enquête», a-t-il commenté. Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU,  a pour sa part assuré que le cas devait être «étudié de manière transparente», encourageant «les deux parties à participer à cette enquête».

En France, le quai d’Orsay a jugé la mort de la journaliste «profondément choquante» et présenté ses condoléances à sa famille, souhaitant un prompt rétablissement au confrère de S. Abu Akleh, Ali al-Samoudi,  blessé par ces mêmes coups de feu. Quant aux suites à donner à ce tragique meurtre, le ministère des Affaires étrangères a demandé, de manière assez laconique, «une enquête transparente dans les meilleurs délais pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame», tout en réaffirmant son attachement à la liberté de la presse.

Les autorités israéliennes ont répété à maintes reprises ignorer qui avait tué la journaliste, après avoir suggéré qu’elle avait «probablement» été atteinte par des tirs de combattants palestiniens en marge d’affrontements à Jénine. Une version également défendue par  Naftali Bennett, Premier ministre, qui a évoqué la responsabilité de «Palestiniens armés» dans le décès de la journaliste. Les autorités israéliennes ont également diffusé une vidéo montrant des combattants palestiniens ouvrant le feu dans le camp de Jénine, mais ces images ont été tournées à plus de 300 mètres du lieu du décès de la journaliste, à la sortie du camp.

En soirée, Benny Gantz, ministre de la Défense a indiqué à la presse étrangère que l’armée n’était «pas certaine de la manière dont elle a été tuée». Son collègue Ali al-Samoudi, blessé lors de ces affrontements, a lui accusé l’armée israélienne d’avoir ouvert le feu sur les journalistes. «Nous étions en route pour couvrir l’opération de l’armée lorsqu’ils ont ouvert le feu sur nous […] Une balle m’a atteint. La seconde balle a touché Shireen», a-t-il relaté.

Selon Majid Awais, témoin de la scène qui s’est confié à l’AFP,  S. Abu Akleh «s’est retournée en panique» lorsque son collègue a été touché, puis a été atteinte d’une balle derrière la tête.

Selon Rayyan Ali, médecin légiste palestinien qui a pu examiner la dépouille, la journaliste a été tuée d’une balle ayant atteint avec une «haute vélocité»   sa tête. Citant le journaliste Moujahid Al-Saadi, France Info précise que S. Abu Akleh a été touchée par un seul tir, qui l’a frappée au niveau de la tempe, «juste au-dessus de l’oreille». Plusieurs témoins présents sur place ont rejeté l’hypothèse d’une balle perdue lors d’affrontements entre Palestiniens et Israéliens et privilégié la piste d’un tir de sniper délibéré, alors même que S. Abu Akleh portait une veste «presse».

Israël a réclamé «la preuve médico-légale» des Palestiniens, y compris la balle ou les fragments de balle ayant tué la reporter d’Al Jazeera, afin de mener une enquête «complète». Et proposé une enquête conjointe aux Palestiniens, ces derniers préférant une enquête internationale, comme l’a demandé le groupe des pays arabes à l’ONU.

Le décès de S. Abu Akleh intervient dans un climat tendu, un an après la dernière guerre à Gaza entre l’Etat hébreu et le Hamas, qui a fait 260 morts du côté palestinien et 14 du côté israélien et durant laquelle la tour abritant les locaux d’al-Jazeera avait été détruite par une frappe israélienne. Le corps de la journaliste, ramené à Ramallah (Cisjordanie) le 11 mai, a été accompagné par la foule. Dans la soirée, des heurts ont opposé des Palestiniens à des policiers israéliens à Beit Hanina, quartier de Jérusalem-Est où vit la famille de la journaliste. Un Palestinien ayant attaqué un policier dans la Vieille Ville a été grièvement blessé par les forces israéliennes, selon la police.

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