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Une femme à la tête du gouvernement tunisien : Lorsque K. Saied déjoue tous les pronostics

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Le président tunisien a chargé mercredi Najla Bouden, jusque-là inconnue du grand public, de former un nouveau gouvernement. C’est donc la première tunisienne à occuper un poste de cette envergure quand bien même il aurait des prérogatives réduites après le coup de force présidentiel de juillet. Kaïs Saied tente de la sorte d’esquiver les critiques de plus en plus en fortes quant à sa gestion léonine des affaires du pays.

Pour la première fois dans l’histoire de la Tunisie, un pays pourtant pionnier dans le monde arabe en matière des droits des femmes, la tâche de diriger le gouvernement a été confiée à une Tunisienne, l’universitaire N. Bouden, a annoncé la présidence dans un communiqué. Née en 1958 et scientifique de formation, N. Bouden, qui a pratiquement le même âge (63 ans) que le président est originaire de la ville de Kairouan (centre). Elle est complètement inconnue du grand public. Dans une série de « mesures exceptionnelles » publiées le 22 septembre, K. Saied a formalisé son coup de force du 25 juillet lorsqu’il s’était arrogé les pleins pouvoirs, après avoir limogé le Premier ministre, gelé le Parlement et avoir repris en main aussi le pouvoir judiciaire.
Désormais, sur la base de ces mesures, le chef de l’Etat est le réel détenteur du pouvoir exécutif et présidera lui-même le conseil des ministres. Dans le système en place régi par la Constitution de 2014 que K. Saied souhaite amender après en avoir suspendu deux chapitres clés, l’essentiel du pouvoir exécutif est aux mains du gouvernement mais les « mesures exceptionnelles » qu’il a décidées ont fait clairement pencher la balance du côté de la présidence. Depuis la présidence de Habib Bourguiba qui leur avait aménagé un code de statut personnel, en 1956, interdisant la polygamie et la répudiation et autorisant le divorce, la Tunisie est considérée comme le pays du Maghreb à l’avant-garde pour l’émancipation des femmes.
Toutefois, le président Saied, considéré comme un conservateur, avait été critiqué pendant la campagne ayant mené à son élection surprise fin 2019, pour son opposition à une loi permettant l’égalité entre hommes et femmes dans l’héritage. « La nomination d’une femme au poste du chef du gouvernement est une chose positive, une reconnaissance de l’importance du rôle des femmes en Tunisie et leur capacité à réussir dans tous les domaines », estime le politologue Slaheddine Jourchi dans des déclarations à l’AFP. Notant que N. Bouden manquait d’expérience « dans des postes sensibles », l’expert se montre cependant sceptique sur sa capacité « à faire face à tous les énormes dossiers complexes » qui l’attendent. La présidence a publié une vidéo recevant Bouden dans son bureau et la chargeant de former un nouveau gouvernement et de le lui présenter « dans les prochaines heures ou jours ».
Le Président a insisté à plusieurs reprises sur le caractère « historique » de la nomination d’une femme pour la première fois pour diriger le gouvernement en Tunisie. « C’est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne« . Seul le président parle sur cette vidéo où on peut apercevoir sur un côté de l’écran une photo le montrant en train de rendre visite le 13 août dernier à l’occasion de la journée de la femme à un groupe de femmes fabriquant des poteries de Cité Hlel, ville populaire du sud de Tunis.
La principale mission du futur gouvernement sera « de mettre fin à la corruption et au chaos qui s’est répandu dans de nombreuses institutions de l’Etat« , a encore dit K. Saied, à l’adresse de son interlocutrice. Avant sa nomination surprise, N. Bouden était directrice générale de l’unité de gestion d’un projet d’appui à la réforme de l’enseignement supérieur. Auparavant, cette docteure en géologie avait été chargée de mission, puis directrice générale au ministère de l’Enseignement supérieur.
Des ONG nationales et internationales ont fustigé samedi « l’accaparement du pouvoir » par K. Saied, qu’elles ont qualifié de « dérive sans précédent ». Dimanche, plus de 2.000 personnes ont manifesté à Tunis pour réclamer sa démission, qu’elles ont accusé d’ »avoir volé la Révolution de 2011« , ayant provoqué la chute de Zine El Abidine Ben Ali et le retour au respect de la Constitution.

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